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Citations de Angela Lugrin (30)


Angela Lugrin
J'ai envie de croire aujourd'hui que quelque chose dans la littérature ne peut être accessible qu'à eux, que seules les âmes en peine peuvent, en fait, lire les livres.Moi, elle ne me parvient presque plus, parce que mon confort est étourdissant, ma liberté laisse tout passer, elle ne retient rien. (p. 55)
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J'entre dans la prison, déchargée de la réalité, des nouvelles du monde, des factures, des familles recomposées. Dans un espace à l'abri, une terre de l'enfance, un lac noir de chagrins d'adultes. ce n'est pas un monde idéal, évidemment. Juste un monde à l'abri du dehors. Une sorte de forêt obscure et envoûtante de conte de fées. Pour moi, qui en sors toujours. Pour eux, c'est un enfer où les heures ont cessé de couler.(p; 127)
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La parole ne résonne jamais plus vivement que lorsqu'elle est le fruit d'une peine. je le sais. Mais le labeur peut aussi se lire dans les silences, dans un rire qui reçoit le texte comme un rayon de soleil...Je voudrais une fiche de méthodologie qui autorise d'autres voix. (p. 66)
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Il ne faut pas tourner autour du pot. La beauté des prisonniers, elle est comme celle des fous, elle vous prend à la gorge , vous saute à la gueule. (...)

Oui. La beauté est réelle et ce qui rend beaux les hommes de la taule, c'est le chagrin qui tombe de leurs yeux jusque sur leurs épaules, en pluie fine et qui n'attend aucune consolation. Je dis "chagrin" et pas "regret". Ce sont leurs larmes qui s'écoulent sans fin sur des corps qu'ils n'osent même plus habiter. Les visages que je vois sont des lagunes, des terres sauvages, vulnérables à tous les assauts, des visages sans digue. (p.37)
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Le pôle scolaire est à sa façon un espace libre, libéré. La possibilité donnée à ma main de saisir un corps et celle donnée à la littérature d'être une véritable promesse, un lieu d'accueil. (p. 88)
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Le cours s'est bien passé

(...)
La polyphonie en taule n'est pas une métaphore, elle est réelle. Les voix résonnent, s'entremêlent. Le lieu reçoit pêle-mêle les voix de tous. Une musique simple et déjantée. Un bordel auquel je suis attachée viscéralement, qui me fatigue aussi, mais que j'aime. C'est comme ça. Le cours s'est bien passé aujourd'hui, parce que nous étions dans la folie d'une langue commune à bâtir comme des mômes des tours de Babel et à les faire s'écrouler comme de petits dieux mauvais.(p. 123)
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le nouveau principal de mon collège m’a interpellée
  
  
  
  
Dernièrement, le nouveau principal de mon collège m’a interpellée : « J’ai appris que vous faisiez beaucoup de musique. » « Oui. Entre autres », lui ai-je répondu. C’est bête mais j’aurais aimé qu’il me dise : « J’ai appris que vous écriviez des livres… », qu’il salue chez moi une écrivaine…
Il avait dû regarder les quelques vidéos de musique qui circulent sur le Net et dans lesquelles je braille et grimace, dans lesquelles je suis prise dans la joyeuseté de l’éternelle mauvaise élève. Devant lui, une fraction de seconde, j’ai eu l’envie très violente d’une bonne note.
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Je n’ai jamais pu dire : « Je suis écrivaine ». C’est un mot interdit. Un mot trop haut. Je parle toujours de mes « petits» livres. Je peux dire : « j’écris » mais même le « j’écris », parfois, reste bloqué dans ma gorge comme un mot à ravaler.
    Pourquoi dire que j’écris représente-t-il un impossible ?
    Je ne juge pas négativement ceux qui parviennent à le dire. Parfois même, j’entends dans le « Je suis écrivain » le labeur et la revendication d’un repos légitime. Mais toujours, quand je l’entends, je me sens d’abord un peu violentée. C’est comme si le mot « écrivain » avait été rangé sur les hautes étagères que l’école, notamment, a rendues inatteignables. Je n’ai pas d’échelle et j’ai du mal à imaginer que d’autres en aient. Baudelaire et Bonnefoy sont des poètes. Michon est un écrivain. Rien en moi ne m’autorise à les rejoindre. Ceux qui prétendent en être me rendent souvent soupçonneuse.
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Dans l’écriture, je n’appartiens à aucune famille.

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L'explication de texte est un retour de soi, une grande acceptation à l'égard de ses possibilités d'inventeur et de lecteur.(p. 54)
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j'aime bien l'entendre parler, Emmanuel. C'est comme si parler donnait un peu de chaleur à son intransigeance. La parole le fend.
(...)
ici, il y a des fous, des illettrés, des pauvres, des hors-la-loi, des princes, comme dans les westerns. Et puis il y a moi.
Je les trimballe en pensée encore longtemps, les hommes de la taule. Dans le métro saturé, je parcours les visages épuisés des voyageurs et je me mets à aimer de façon aérienne la rigueur avec laquelle, là-bas, à l'intérieur des murs , certains refusent de geindre. Quand je reviens de la taule, je suis une amoureuse. (p; 37)
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A la poignée de main s'ajoutent de fermes "Bonjour Monsieur", "Bonjour Madame". Des mains qui fuient, des mains qui retiennent, des mains frappées d'ennui, des mains douloureuses, des mains qui ne savent pas, des mains qui draguent, des mains qui méprisent.
la traversée du couloir dure longtemps. c'est une sorte de comédie de la virilité. L'exercice d'un metteur en scène qui demanderait à ses comédiens d'incarner dans une posture figée ce que signifie pour eux "être un homme". Il y a l'homme blessé, l'homme sauvage, l'homme indomptable, l'homme secret, l'homme fier, l'homme trahi, l'homme violent, l'homme lumineux, l'homme riant, l'homme accablé, l'homme creux. (p; 142)
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L'entièreté des espoirs de l'enfance. Je pense à mon propre chemin, à mon attachement viscéral à la musique punk, à l'enfance, à la folie, à l'insoumission enfantine qui perdure. Il y a un brigand en moi, un brigand minuscule. alors le théâtre de la taule donne à voir, de façon presque obscène, cette part irréductible. (p; 36)
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Ils rient et imaginent et écrire un livre - La Cuisine des taulards-. Matériel: aucun. Ingrédients : trois fois rien. Temps de cuisson: infini. (p. 27)
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Les objets qui n'appartiennent à personne explosent de solitude et de violence, chargés des heures vaines. (p. 98)
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la familiarité triste que beaucoup de femmes entretiennent avec lui, je veux dire, le Soleil
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L'idée d'une dernière fois
(...)
Quand les êtres aimés disparaissent sans crier gare, il n'y a pas le choix, il faut revenir aux derniers instants, à la couleur des voix, à la musique de leur présence. (p. 151)
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Les fantômes;

Monsieur P. , absent pour cause de procès médiatique, me passe le bonjour, il est désolé de rater mon cours. (...)
Le fantôme de P. accompagne le cours, parce que les autres ont besoin de lui. Ce groupe tient à rien. Le rire des uns soutient le rire des autres. Il y a une forme de peur chez eux à l'idée d'être privés de l'un des leurs. Il y a un devoir de faire vivre les absents. Alors le spectre de Monsieur P. s'assoit au premier rang. sage comme une image. (p. 30)
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Je rêve toujours de l'autre côté. Comme tout le monde. Et plus les murs sont hauts et plus mes rêves me semblent grands. Certainement quelque chose resté en moi de l'enfance. (p. 18)
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La parole de l'autre est-elle une promesse ? La parole de l'autre garantit -elle une vérité, un lieu de repos ? (p. 12)
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Le mot « infractus », ce mot des pauvres, des illettrés, des apeurés, je veux qu’il soit un mot puissant et vigoureux comme un chevalier, désignant le sentiment d’être brisé du dedans, d’être vaporeux et en lambeaux, sans base distincte.
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Délits.
(...)

C'est un doux moment aussi quand les mots s'échappent des tombeaux. (p. 131)
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