Ania Guini-Skliar

Pour Charles Diehl, historien et historien de l'art français, spécialiste de l'Empire byzantin "Le jour où Constantin fonda Constantinople et en fit la deuxième capitale de l'empire romain, l'empire byzantin commença". Byzance a duré 1000 ans, plus longtemps que Rome, jusqu'en 1453,année où Byzance s'écroula avec la prise de Constantinople par les Turcs.

Tout au long de son existence, l'Empire dut faire face à deux menaces : les crises religieuses et les invasions barbares, réduisant toujours davantage les limites du territoire.

Pourtant, à travers ces remous politiques, l'art, au contraire, demeura majestueusement constant, malgré une évolution certaine au cours des siècles.

Quel est l'art byzantin ?

A la naissance du christianisme, il n'existe ni style byzantin, ni art chrétien spécifique, seulement des signes conventionnels de reconnaissance entres les premiers chrétiens voués à la clandestinité.

Lorsque la religion chrétienne devient religion d'Etat, fin du IVe siècle, les signes deviennent des thèmes iconographiques : catacombes, cimetières souterrains émergent et deviennent des basiliques où apparaissent des peintures rudimentaires, puis des mosaïques. Ces dernières deviendront l'art majeur de l'Empire.

Si la mosaïque romaine est un art décoratif, la mosaïque byzantine est entièrement consacrée à l'idée de la religion chrétienne. Ravenne possède (toujours) le plus beau trésor de mosaïques des Ve et VIe siècle : chef d'oeuvre de la Foi de l'ère chrétienne.

Sur le plan architectural, dès l'avènement de Constantin apparaissent , les premiers grands édifices religieux, mais la grande époque architecturale de l'Empire se situera au cours du VIe siècle. Le chef d'oeuvre de cette époque est Sainte Sophie à Constantinople.

La fresque ou la peinture murale, pâle reflet des mosaïques, subit néanmoins sa propre évolution.

Quant aux icônes, celles-ci se distinguent essentiellement de la peinture murale et des enluminures par leur fonction qui consiste à créer un lien entre l'homme et Dieu : elles sont avant tout présence divine. Mais, au cours des temps, c'est en Russie que l'icône prend une importance considérable.

Enfin, parallèlement aux icônes, se développe à Byzance l'enluminure de manuscrits. Mais ne pas considérer cet art comme un art purement décoratif, en effet, l'enluminure accompagne généralement un texte : psaume, évangile... et n'est pas une simple illustration, son rôle est d'abord religieux, "le livre s'adresse à Dieu".

Enfin, concernant la sculpture, celle-ci est très restreinte ; elle se rapproche beaucoup plus d'une représentation comme celle de Rome.

En conclusion, le monde roman occidental (fin Xe - moitié du XIIe siècle) est toujours tourné ver la foi, mais va apparaître une certaine humanisation dans la figuration. Il va rivaliser avec le monde byzantin, voire même s'opposer à lui. Au fil des années la spiritualité se transforme, et finit par disparaître progressivement. Pourtant, Byzance, art du Sacré et de la transcendance, apporta au monde méditerranéen un message de rédemption. L'élan créateur de cette civilisation ne dura que mille ans, mais elle éblouit la terre d'un amour infini.