Anna Ekberg

Louise ouvre les yeux. Chaque matin, c’est face à cette vue qu’elle s’éveille. Elle ne s’y est toujours pas habituée mais il lui semble qu’elle ne pourrait pas vivre sans. La mer. Tellement proche qu’il suffirait presque de tendre le bras pour la toucher. La fenêtre est en forme de hublot, ce qui donne l’impression qu’on se trouve à bord d’un bateau. Habiter sur un bateau, voilà ce qu’elle aimerait par-dessus tout. Joachim la taquine souvent à propos de sa lubie, mais ce n’est pas grave. Elle voit bien le ridicule qu’il y a dans le fait qu’elle, qui a le mal de mer chaque fois qu’elle monte à bord d’une embarcation, ait choisi de vivre entourée d’eau. Son lit est installé de telle manière que la mer est la première chose qu’elle voit quand elle ouvre les yeux. Louise a toujours eu l’impression qu’un jour quelqu’un arriverait par la mer, quelqu’un qui changerait sa vie. C’est sûrement idiot. Et puis, ce n’est qu’un pressentiment. Mais il est là, en elle.