Le samedi et le dimanche étaient les jours les plus difficiles. En l'absence de la rassurante grille horaire des cours, elle devait se forcer à remplir elle-même les heures d'occupation qui exigeaient toute son attention. (...)
Recommencer chaque jour, essayer de ne pas penser. Ignorer de toutes ses forces le choeur muet qui, dans sa tête, braillait « Au secours », qui scandait continuellement : « Si je pouvais être morte. » Restreindre efficacement les heures libres de la journée en travaillant, en répondant au courrier, en tenant le ménage, en taillant les buissons. Et tout cela en silence, séparés l'un de l'autre, seuls. Lui chassait les heures à coup de pédale sur son vélo de course, elle les enfonçait à coups de bêche dans le sol.(p. 45-46)