… C’est un beau mystère, mon amour, qu’un visage qui, par son naturel, sa gravité, son enjouement, se donne l’air aux yeux de tous de s’allier à la vie présente, aux circonstances du moment, alors qu’enveloppé de son obsession il est éloigné de l’univers et s’en va sans cesse regoûter à un secret bonheur, – précis et limité comme la lune ronde sertie d’obscur indigo, – mais dont il se nourrit avec une infatigable répétition. C’est ainsi que par la mémoire et le délice je suis plongée dans notre heure heureuse, autant que le pigeon affamé dans son écuelle rayonnante de grains radieux. Je fais avec minutie et avec ordre ce repas de l’âme. (p3)