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Citation de historia


Le jour était à peine levé. Rome dormait encore, à l’exception de ses esclaves, déjà à l’ouvrage. L’homme ramassa les pans de sa toge, qui traînaient par terre, et se mit en route. Il n’y voyait que d’un œil, mais son infirmité ne le gênait pas pour avancer dans la pénombre. Avec le temps, il avait acquis des capacités visuelles étonnantes, qui s’apparentaient à celles du chat dans la noirceur.
Il fallait qu’il se dépêche s’il voulait traverser la cité avant l’heure des marchés. L’esclave qui porterait son message à son destinataire ultime l’attendait près du parvis du temple de la Liberté, sur l’Aventin, l’une des sept collines de Rome.
Il longea l’enceinte du cirque, un bâtiment imposant dédié aux courses de chars. Ces minutes lui parurent une éternité. Le pain et le fromage qu’il venait d’avaler lui pesaient sur l’estomac, comme s’il avait ingéré des billes en terre cuite. Ou était-ce la peur qui le tenaillait ?
Il pénétra enfin dans le faubourg. Ses ruelles et leurs insulae laisseraient bientôt place aux édifices monumentaux construits sur la butte, dont le temple de Diane, décoré de statuettes d’albâtre et bâti par Servius Tullius, l’un des sept rois légendaires de Rome.
Des odeurs immondes d’excréments parvenaient à ses narines alors que des eaux malpropres ruisselaient sur le pavé. Malgré la Cloaca Maxima, un égout géant qui desservait la ville et débouchait sur le Tibre, certains quartiers demeuraient insalubres, comme celui-ci.
Il bifurqua sur sa droite. La rue était déserte. Des colonnades de marbre blanc lui rappelèrent celles de la domus de Tillia, la villa où il avait travaillé. Il se souvint de son jardin luxuriant, de ses fleurs odorantes et des bassins d’eau translucide au bord desquels Tillia, une belle Romaine, aimait écouter de la musique. Il se mit à sourire sans pour autant paraître plus heureux.
La fin de sa mission approchait. Il s’apprêtait à contourner le dernier îlot d’insulae lorsqu’un bruit sec lui fit tourner la tête. Une silhouette se dessinait contre un mur, à quelques pas de lui. Il s’arrêta net, le souffle coupé. L’ombre inquiétante était immobile, telle une statue en bois d’ébène dressée sous un portique. Quelqu’un l’avait-il suivi ?
Il n’eut pas le temps de réfléchir davantage. La masse sombre se jeta sur lui, tandis qu’une longue lame entaillait sa chair.
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