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Citation de Cielvariable


Mon père souhaitait un fils afin qu’il prenne la succession. Ma mère, elle, fut plutôt heureuse de ma venue ; elle espérait une fille qui lui ressemble, c’est-à-dire belle, blonde, le teint clair, et avec qui, l’âge venant, elle parlerait tissu, fanfreluches, bijoux. Las, elle déchanta dès que je sus marcher ou plutôt courir.
Je n’aimais rien tant que parcourir la grève dans les embruns. Me montrer crottée et échevelée dans le salon où elle brodait ne me gênait point. Et porter une tenue défraîchie et des bas reprisés ne m’indisposait pas.
— Qu’ai-je fait à Dieu pour avoir une fille telle que vous ! se plaignait-elle.
N’ayant point de réponse à cette question, je baissais la tête.
— Vous n’avez rien de moi, aucune beauté, aucune grâce, et si votre père continue de se ruiner sur la mer, vous n’aurez même pas de dot. Que ferat-on de vous, alors ?
Chaque fois ses remarques me blessaient. Afin qu’elle m’aimât, j’acceptais sans rechigner que Mariette, ma nourrice, me coiffe, m’habille, me poudre, me parfume, puis je restais de longues heures assise sur un ployant tandis qu’elle devisait avec des dames venues lui faire visite. C’était pour moi un véritable exploit de ne point bouger alors que j’apercevais la lande par la fenêtre.
Mon père était mon allié.
Il s’était bien rendu compte que je n’avais rien de commun avec ma mère, mais que je goûtais 1, comme lui, la mer et le vent. Aussi, les après-dîners, il me faisait monter en croupe et nous galopions sur la grève ou nous allions sur le port admirer ses vaisseaux.
— Quel dommage, me disait-il, que vous ne soyez point un garçon. J’aurais eu beaucoup de plaisir à vous apprendre tout ce qui fait un homme d’honneur.
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