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Citations de Anne Osmont (8)


Anne Osmont
SOIRS D’EXIL


Venez sous cette lampe amie et près du feu.
Parlez-moi du Berri, de la mousse câline,
De l’étang lumineux sur qui le jonc s’incline,
Paupière de velours où brille un regard bleu.

Je vous dirai l’ardeur de nos Juillets en feu,
Les vignes d’Août saignant à flots sur la colline,
Et, quand le vent le tord d’une étreinte féline,
Le grand pin qui nous parle avec la voix d’un dieu.

Au dehors, c’est la nuit, l’hiver, Paris hostile ;
L’heure morne s’égoutte aux beffrois de la ville :
Évoquons la patrie et le passé charmant !

Un mirage en nos yeux met sa lueur qui tremble,
Et nous rêvons, muets, avec le sentiment
D’être moins exilés quand nous sommes ensemble.


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Quelle soie aux baumes de temps
Où la Chimère s'exténue
Vaut la torse et native nue
Que, hors de ton miroir, tu tends !

Les trous des drapeaux méditants
S'exaltent dans notre avenue :
Moi j'ai ta chevelure nue
Pour enfouir mes yeux contents.

Non ! La bouche ne sera sûre
De rien goûter à sa morsure
S'il ne fait, ton princier amant,

Dans la considérable touffe
Expirer, comme un diamant,
Le cri des gloires qu'il étouffe.
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Le sûr refuge


Les étoiles en fleur et la lune candide
Mirent leur froid regard dans le bassin des eaux
Et font luire, parmi les joncs et les roseaux.
L'étang plein de clarté que nul souffle ne ride.

Par les sentiers couverts, la chanson des amants
S'éteint. Leur double pas s'attarde sur la mousse.
Seule, j'entends rôder, dans l'ombre vague et douce,
Le nocturne troupeau des épouvantements.

La lune a peur d'errer toujours dans les ciels sombres,
Elle est pâle de voir toujours trembler les pins
Et d'entendre, mêlée à des soupirs humains.
L'eau gémir, prisonnière au lacis noir des ombres.

Les peupliers blafar'ds grelottent avec bruit.
Les grillons, les crapauds poussent de longues plaintes;
Troublant les vieux remords et ravivant les craintes,
Des morts mal éveillés trébuchent dans la nuit.

Un hibou monstrueux à la face hagarde
Frappe de son vol mou, nos vitres. Que veut-il?...
Il passe : À l'Orient où vibre un feu subtil,
Le visage du ciel est tout changé. Regarde.

Sur des brumes couleur de perle, frais coussin.
Le soleil nouveau-né s'éveille du mystère ;
Telle on voit se gonfler sur l'étang solitaire
La fleur du nymphéa, ronde comme un beau sein.

Voici le jour. Les nids le chantent, dans le saule.
Les fantômes vont fuir devant le dieu vainqueur,
Cache-moi dans tes bras et tout près de ton cœur,
Je veux dormir longtemps, le front sur ton épaule.
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...le culte dont l'arbre est entouré est d'un caractère beaucoup moins pieux. Il porte des ex-votos et surtout quantité de bouquets fanés et la rumeur publique atteste que, si l'on porte des fleurs au chêne et qu'on lui demande une grâce, cette faveur soit obtenue. Les ex-votos affirment que ces réussites se produisent quelque fois, mais on dit que, s'il est outragé, l'arbre se venge ce qui n'est pas chrétien , mais très conforme à la tradition féerique .
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CHANTS DU SILENCE


La forêt de Juin tressaille sous la nuit.
Des pas furtifs ont ployé l'herbe des allées
Et de confuses voix, sous les grottes voilées,
Disent tout bas des mots au vent jaseur qui fuit.

Le lac, parmi les branches basses, dort et luit,
Coupe de sombre azur aux vagues étoilées,
Et la chanson des eaux, par grandes envolées,
Domine la chanson du feuillage qui bruit.

L'haleine des foins mûrs enivre la nuit douce ;
Un long frémissement berce les nids de mousse
Que l'arbre paternel couve. D'un noir rameau

Part le cri velouté de la hulotte brune
Et, sanglot résumant ces soupirs, le jet d'eau
Tend son beau front qui penche aux baisers de la lune.

p.239
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J'adore ta tristesse et ta grâce farouche
Quand tu viens, au Printemps, dans les arbres en fleur,
Poser ta face claire où l'Avril met sa bouche,
Tel, entre ses doigts blancs, rit un enfant boudeur.

Dans l'Automne joyeux, succédant aux soirs fauves,
Tu te lèves ardente et rouge, à l'Orient,
Puis, dans la brume pâle aux discrètes alcôves,
Sur des nuages frais, tu dors en souriant.

Je t'aime plus encore en un ciel sans nuées
Quand tu luis seule, au balcon bleu des nuits d'été.
Laissant tomber au vent tes robes dénouées,
Tu mires, dans les eaux sereines, ta beauté.

Et la source emplit l'air de chansons amoureuses
Qui s'éteignent parfois en longs soupirs pâmés;
Les forts parfums vers toi montent des fleurs heureuses,
Enivrés de blancheur, les lys se sont fermés.

Sans cesse variant tes formes adorables,
Arc aux flèches d'argent, visage aux calmes yeux,
Tu visites, la nuit, les hommes misérables,
Tu cueilles nos soupirs pour les porter aux cieux.

Par les rangs inclinés des roseaux taciturnes,
Tu vas, magnifiant les flots aux larges plis;
Dans les cœurs languissants et sur les eaux nocturnes,
Ton regard fait germer des floraisons de lys.
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Vers 1888, Verlaine écrivait à Louis-Xavier de Ricard :
Vous êtes sans doute au courant du mouvement, au fond, néo-romantique actuel. C'est très, c'est trop jeune, mais ça vit, n'est-ce pas? C'est bien la suite de notre Parnasse, et, dans tous les cas, ça casse un peu l'affreux Naturalisme.
"Casser l'affreux Naturalisme", tout était là, en effet, et Verlaine, romantique malgré lui, portait la révolution dans la pensée, mais surtout dans la forme
du vers :
De la musique avant toute chose.
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J'appellerai symbolisme, dit-elle en substance, les œuvres conçues en réaction du romantisme et du naturalisme et qui cherchent non plus à énoncer un fait, un sentiment, une idée, mais à les suggérer par l'image et la musique.
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