Quelle soie aux baumes de temps
Où la Chimère s'exténue
Vaut la torse et native nue
Que, hors de ton miroir, tu tends !
Les trous des drapeaux méditants
S'exaltent dans notre avenue :
Moi j'ai ta chevelure nue
Pour enfouir mes yeux contents.
Non ! La bouche ne sera sûre
De rien goûter à sa morsure
S'il ne fait, ton princier amant,
Dans la considérable touffe
Expirer, comme un diamant,
Le cri des gloires qu'il étouffe.
Vers 1888, Verlaine écrivait à Louis-Xavier de Ricard :
Vous êtes sans doute au courant du mouvement, au fond, néo-romantique actuel. C'est très, c'est trop jeune, mais ça vit, n'est-ce pas? C'est bien la suite de notre Parnasse, et, dans tous les cas, ça casse un peu l'affreux Naturalisme.
"Casser l'affreux Naturalisme", tout était là, en effet, et Verlaine, romantique malgré lui, portait la révolution dans la pensée, mais surtout dans la forme
du vers :
De la musique avant toute chose.
J'appellerai symbolisme, dit-elle en substance, les œuvres conçues en réaction du romantisme et du naturalisme et qui cherchent non plus à énoncer un fait, un sentiment, une idée, mais à les suggérer par l'image et la musique.