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Citation de Aym


Aym
13 février 2014
Quand Tonio Treschi avait cinq ans, sa mère l’avait fait tomber dans l’escalier. Elle ne l’avait pas poussé. Elle avait seulement tenté de le gifler. Mais il avait glissé sur le carrelage de marbre, dégringolé de marche en marche, et il était arrivé tout en bas dans un état de panique atroce.
L’amour qu’elle portait à son fils était jalonné de gestes cruels et imprévisibles ; Tonio était ainsi déchiré sans cesse entre l’amour et la terreur et il aurait peut-être oublié l’angoissante dégringolade dans l’escalier si, ce soir-là, pour se faire pardonner, sa mère ne l’avait pas emmené à Saint-Marc où le père de Tonio prenait part à une grande cérémonie. Andrea Treschi était membre du Grand Conseil, et la basilique de Venise représentait la chapelle personnelle du doge. Tonio vécut cette soirée comme un rêve : il devait s’en souvenir toute sa vie.
Après sa chute, il s’était caché des heures durant. Tonio connaissait mieux que personne les coins et les recoins du palais Treschi, demeure Renaissance fort délabrée, dont les quatre étages dissimulaient quantité de cabinets et d’armoires propres à s’y dissimuler. L’obscurité ne faisait pas peur à Tonio, il ne craignait pas de se perdre, et les rats ne l’effrayaient pas : il suivait avec intérêt leurs galopades et il aimait observer, sur les murs et les plafonds décorés de fresques, les ombres et les lumières projetées par les reflets du Grand Canal. Ces parois décrépites, bien davantage que le monde extérieur, constituaient le paysage obligé de son enfance.
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