Anne-Yvonne Julien

J’aime Marguerite Yourcenar, en fait je l’admire d’avoir été capable de se faire admettre par un monde d’homme et d’avoir fini sa vie en ermite sur une île. Mais en lisant ces nouvelles, je comprends pourquoi elle a été acceptée par ce monde : non seulement elle est érudite (peut-être tellement que ces livres ne se lisent plus de nos jours, sauf sous la contrainte de l’école) mais de surcroit son imagination cruelle dans ces récits a quelque chose de très masculin. La première nouvelle m’a paru dure, mais je me suis accroché, j’y voyais une raison métaphorique. Mais recommencer tout cela dans la deuxième ? Trop pour moi. D’où lui venait cette cruauté qu’elle avait besoin d’écrire ? Quand dans sa vie l’a-t-elle écrite ? Était-elle désabusée par l’être humain ? Ah tant de questions... Si un spécialiste pouvait me répondre... Ma critique est comme une bouteille de message dans l’océan.

Marguerite Yourcenar et le souci de soi est un livre que vient de publier Madame Anne-Yvonne Julien, universitaire et spécialiste de l’écrivain. Ce livre est un livre érudit mais il se lit, cependant, avec plaisir et a le mérite de vous faire revisiter l’œuvre entière de Marguerite Yourcenar en faisant apparaître les sources et les éléments venus de la propre personnalité de l’auteur. Bien entendu il serait préférable de lire ce livre lorsque l’on a déjà lu tout ou partie de l’œuvre mais pour ceux qui n’auraient jamais lu l’écrivain ce livre peut être une incitation à la découverte puisque, évidement, rien ne vaut l’œuvre elle-même.

Ce livre est fait d’une analyse successive de tous les écrits de Marguerite Yourcenar et l’on peut donc lire les parties qui intéressent plus particulièrement le livre que l’on préfère.

Pour ma part admirateur depuis longtemps de Marguerite Yourcenar j’ai, notamment, apprécié les développements consacrés aux livres qui ont ma préférence ! Alexis ou le traité du vain combat, Mémoires d’Hadrien et les trois livres consacrés par l’auteur à l’histoire de sa famille : Archives du Nord, Souvenirs pieux et Quoi ? L’éternité.

L’ouvrage met bien en évidence les rapports complexes de l’écrivain avec le temps et sa façon, bien à elle, de faire revivre ce passé. Dans cette reconstitution du passé lointain pour Les Mémoires d’Hadrien, plus proche lorsqu’elle évoque le passé de sa famille Marguerite Yourcenar excelle car elle fait appel ,non seulement aux données historiques mais elle essaye et parvient a faire revivre l’homme du passé avec ses goûts, ses sentiments, ses connaissance d’alors. C’est une particulière réussite dans les Mémoires d’Hadrien qui est le livre que j’emmènerai sur une île déserte.


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Loin d'être une simple biographie de Marguerite Yourcenar ce livre est plutôt une étude de son oeuvre. Il nous la fait découvrir et l'approfondir tout aussi bien. Sans doute un peu difficile d'abord, il est l'outil parfait pour les spécialistes en littérature. Le chapitrage en rend la lecture claire et finalement il tente de dresser à travers ses idées un portrait objectif, complet et singulier de l'écrivain, celle qui signait "comme un arbre" selon la formule de Rudolph Kassner. En effet, on apprend ici cette particulièrement belle image et métaphore de la lettre Y de Yourcenar qui symbolise un tronc d'arbre avec ses branches.

Cette critique porte sur l'édition audio du livre.

Quelle écriture ! si riche et si subtile ! Tous les mots sont à leur place pour des nouvelles pleines de sensualité, poésie, violence et douleur.

Des contes où la destinée des femmes et des hommes est toute tracée.

Des récits de vie « Hors du temps » qui nous emportent très loin…

Doté de remarques pertinentes, ce petit livre est utile à qui veut se rafraichir l'esprit avant une dissertation; sans pour autant rendre la pleine complexité et suivi thématique du livre.

Dommage !