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Citation de Bradomin




Tout à coup je fis volte-face :
elle arrivait, sa horde de chevaux
déchaînés depuis l’horizon,
pressant leurs corps sur le fleuve,
les secouant comme des poches de
cendre,
tandis que les rives molles de la Yamunâ
se fondaient dans le ciel.
Des buffles traversaient, impavides,
déplaçant des montagnes vieilles dans la
brume
et le songe vide d’un roi
au bord de leurs croupes flasques.
Toute l’eau tombée délayait le paysage
dans un lavis de livre ancien.
Il y avait, bien sûr, le Tâj Mahal,
de l’autre côté des flots furieux,
soudain fulgurant
et qui semblait brûler la page,
s’en découper pour n’y laisser
qu’un profil de tombeau.
Il y avait encore, devinée entre les
pierres,
la respiration de l’esthète reclus,
ses longs regards sur l’ire des dieux,
ses pensées mornes dans le marbre creux
des fontaines,
dans le pan des murs ciselés,
s’agitant soudain avec une rare
précipitation,
prisonnier de l’instant sacré
sous le seul cri des singes.
("La mousson", p. 73)


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