AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Jean-Daniel


Sur l’autre photo, petite, rectangulaire, je suis avec mon père devant un muret décoré de jarres de fleurs. C’est à Biarritz, fin août 52, sans doute sur la promenade longeant la mer qu’on ne voit pas, au cours d’un voyage organisé à Lourdes. Je ne dois pas dépasser un mètre soixante, car ma tête arrive légèrement au-dessus de l’épaule de mon père, qui mesurait un mètre soixante-treize. Mes cheveux ont poussé en trois mois, formant une sorte de couronne moutonnée, retenue par un ruban autour de la tête. La photo est très floue, prise avec l’appareil cubique gagné par mes parents dans une kermesse avant la guerre. On distingue mal mon visage, mes lunettes, mais un sourire large est visible. Je porte une jupe et un chemisier blancs, l’uniforme que j’avais lors de la fête de la jeunesse des écoles chrétiennes. Par-dessus, une veste, dont les manches ne sont pas enfilées. Ici, je parais mince, plate, à cause de la jupe plaquée aux hanches puis évasée. Dans cette tenue, je ressemble à une petite femme. Mon père est en veste foncée, chemise et pantalon clairs, cravate sombre. Il sourit à peine, avec l’habituel air anxieux qu’il a sur toutes les photos. J’ai sans doute gardé celle-ci parce qu’à la différence des autres, nous y apparaissions comme ce que nous n’étions pas, des gens chics, des villégiaturistes4. Sur aucune des deux photos je n’ouvre la bouche pour sourire, à cause de mes dents mal plantées et abîmées.
Commenter  J’apprécie          130





Ont apprécié cette citation (13)voir plus




{* *}