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Citation de annielavigne


Le lendemain, nous partîmes pour Venise.
Par la fenêtre du train, je regardais les champs et les collines verdoyantes dont j’avais si souvent rêvé…
Le train entra en gare. Mes pieds frétillaient à l’idée de parcourir les rues labyrinthiques de cette cité mythique. De la gare, nous prîmes un vaporetto, un de ces petits bateaux qui voyageaient le long du Grand Canal, pour nous rendre au cœur de la cité, place Saint-Marc.
Débouchant sur la place, j’eus le souffle coupé par sa splendeur. Le cœur léger, nous marchâmes vers le palais des Doges, au milieu des centaines de pigeons que nourrissaient les touristes.

À l’entrée du Grand Canal se dressait le palais des Doges, immense palais doré montrant Venise la magnifique au sommet de sa puissance.
Et juste devant, me regardant de haut, le lion ailé de Saint-Marc...
J’avais vu Venise, je pouvais mourir…
Mais non : j’avais vu Venise, je pouvais renaître à la vie !

J’observai longuement ce palais fascinant, qui devait empoigner le cœur du marin s’approchant de la ville par la mer Adriatique. Jusqu’au XVIIIe siècle, ce bâtiment abritait les prisons de Venise, dans lesquelles fut détenu Giacomo Casanova, le seul à jamais s’en être évadé.
Casanova… m’aurais-tu séduite si j’avais été une belle Vénitienne ? Aurais-tu été pourchassé pour cela par un amant ou un mari jaloux ? T’aurais-je caché sous mes longs jupons pour te sauver la vie ? Venise au XVIIIe siècle, quel beau rêve…
Pourquoi ne pouvions-nous pas remonter le temps ? Paris au XXIe siècle me paraissait une punition quand je songeais que j’aurais pu naître dans le Japon du XIXe siècle, dans l’Empire inca au XVe siècle ou encore dans l’Égypte antique.
Ou y avais-je peut-être réellement vécu, sous une autre identité : geisha, reine inca ou fille d’Isis ?... Ce qui expliquerait l’emballement de mon cœur à la seule évocation de ces civilisations légendaires…

Nous déambulâmes des heures durant, sans but précis, sans carte, dans ces rues tortueuses. La cité nous avait emprisonnés, mais nous préférions nous perdre en elle plutôt que de nous y retrouver…
Dans chaque villa, monument et palais, au détour de chaque rue ressurgissait le passé glorieux de la Sérénissime République. Sur chaque petite place planait encore le merveilleux parfum de l’époque de Don Juan…
Un sentiment de bonheur éclairait nos visages à chaque pas posé sur le pavé de cette ville éternelle, immense musée en plein air dont les trésors architecturaux se dressaient fièrement sous le ciel bleu.

Après le coucher du soleil, nous fûmes étonnés de voir combien la ville était calme. Dès que l’on s’éloignait de la place Saint-Marc, les rues étaient désertes.
Le romantisme de Venise ayant sur nous une forte influence, nous commençâmes à nous embrasser sur un pont désert au-dessus d’un canal.
Quand nos lèvres se désunirent, je me sentis stupide d’avoir fait cela. J’aurais dû le repousser, mais Venise, sa magie et son mystère m’avaient envoûtée.

Embrasser à Venise les lèvres d’un amoureux qui n’en était plus un…
Nostalgie romantique...
Geste éphémère au cœur d’une cité aux deux visages : beauté absolue cachant une multitude d’illusions et de tentations.
Dernier soupir d’un couple qui s’était perdu.
Dernier soupir d’une cité en déclin qui s’enfonçait tranquillement dans la mer...
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