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Citation de annielavigne


Sous les reflets de la reine de la nuit, elle reprit sa route. Elle n’avait pas fait vingt pas qu’elle entendit piailler. Elle leva les yeux. Encore lui ! Dans le ciel au-dessus de sa tête tournoyait le bel oiseau mystérieux.
– Jusqu’où me suivras-tu ? lui demanda-t-elle, persuadée qu’il ne s’agissait pas d’un oiseau comme les autres.
Il se rapprocha d’elle.
– Je ne sais pas où je vais, mais tu peux venir avec moi si tu veux.
En réponse, l’oiseau émit un long piaillement. Il lui sembla qu’il voulait plutôt que ce soit elle qui le suive.
– D’accord. À toi de me guider.
Avana suivit donc le chemin que son nouveau compagnon lui indiquait. Instinctivement, elle sentait qu’il la menait là où son destin l’attendait.
Elle marcha durant des jours, traversant des plaines où les blés commençaient à pousser, des forêts où les arbres bourgeonnaient… Comme l’oiseau ne s’arrêtait jamais, elle progressa même la nuit, infatigable, elle qui s’était entraînée aux arts du combat des heures et des nuits sans dormir.
Un matin, tandis qu’un fin rayon de soleil perçait la couche de nuages qui obscurcissait le ciel, elle déboucha sur une plaine qui lui était familière.
– Je t’ai suivi aveuglément… et voilà où tu m’emmenais ! dit-elle en levant les yeux vers l’oiseau.
À l’horizon, imposante et infranchissable, elle reconnaissait la forteresse d’Emain Macha. À la vue de ce lieu où elle avait grandi, elle songea à Amorgen… à Emroth… Elle les avait chassés de sa mémoire durant ses deux années d’exil.
Aussitôt, l’envie irrépressible de sentir les bras du Druide autour d’elle la saisit. Mais comment se faire pardonner, elle qui s’était enfuie lâchement sans dire au revoir ni à son père, ni au roi ? Elle allait devoir affronter la colère de Conor, car nul ne revenait en son domaine s’il ne lui avait préalablement fait ses adieux.
Son estomac se noua, sa gorge s’assécha. Elle restait figée, paralysée, regardant la forteresse. L’oiseau émit de petits piaillements.
– Je sais, je sais ! lui répondit-elle.
Oui, elle savait exactement ce qu’il voulait lui dire. Elle devait retourner chez elle et affronter les conséquences de ses actes. Amorgen serait là pour la défendre. Au souvenir de son père adoptif, son cœur déborda d’amour. Elle revit son visage rayonnant, ses yeux doux. L’idée de le revoir la transporta de joie.
Aiguillonnée par ces pensées, Avana repartit d’un pas pressé en direction d’Emain Macha. Elle était prête à affronter le courroux de Conor Mac Ness. Elle traversa le large pont de bois qui enjambait le fossé. Un garde l’apostropha du haut de la muraille :
– Qui êtes-vous et que voulez-vous ?
Les guetteurs étaient toujours aussi stricts envers les visiteurs qu’à l’époque où Avana s’était enfuie. La plus innocente des jeunes filles, suspectaient-ils, pouvait être une Connaughta ayant comme mission d’assassiner le roi.
– Tu ne me reconnais pas ? C’est Avana, fille d’Amorgen.
– Avana !
Il dégringola de son poste et entrouvrit l’une des grandes portes pour la laisser entrer. Deux chevaliers vinrent à sa rencontre et elle leur fit son plus beau sourire.
– Qui es-tu ? marmonna l’un d’eux.
– Et comment peut-on t’aider ? renchérit l’autre, d’une voix mielleuse.
Amusée de passer pour une étrangère aux yeux de ces hommes qui l’avaient pourtant vue naître, elle leur demanda :
– Vous ne me reconnaissez pas ?
À l’évidence, non. Les chevaliers la scrutaient des pieds à la tête, l’air perplexe. À cet instant, Conor et Amorgen sortirent de la Branche rouge. Le cœur d’Avana se mit à battre la chamade. Elle eut envie de prendre ses jambes à son cou et de quitter la ville avant qu’ils ne la découvrent. Trop tard ! Le roi avait fait signe au Druide et ils se dirigeaient dans sa direction.
En voyant le regard d’Amorgen, Avana comprit immédiatement que son père l’avait reconnue. Son visage ridé trahissait son bonheur de la revoir. Néanmoins, il continua à marcher d’un pas égal aux côtés de son roi. Conor, en revanche, paraissait intrigué. Il s’arrêta devant elle.
– Qui es-tu, étrangère, et que fais-tu à Emain Macha ? lui demanda-t-il d’un ton austère.
– Je ne suis pas une étrangère...
Dans son esprit, l’inquiétude se disputait à l’excitation.
– Ne sais-tu pas qui je suis, Conor Mac Ness ?
– Tu es celle qui ne cessera de nous causer des soucis ! lui reprocha Amorgen d’un air sévère sans pouvoir réprimer sa joie.
À son expression, Avana compris que Conor la reconnaissait à son tour ; il la faisait marcher. Elle aurait dû s’en douter : elle n’était partie que deux ans.
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