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Citation de annielavigne


– Cette nuit et les suivantes, commença la sorcière, vous développerez votre sixième sens, ce qui vous permettra de sentir les présences invisibles.
Scatach attribua à chacun des groupes une partie de la forêt. Les membres de l’équipe seraient à tour de rôle poursuivis et traqués par les trois autres.
– Je sais que certains d’entre vous ont déjà développé cette habileté. Vous entraînerez donc les autres, conclut-elle avant de refermer les grandes portes de la forteresse.
– Venez ! ordonna immédiatement Ranthor au reste de son groupe.
À sa suite, Avana et les autres traversèrent la plaine d’un pas rapide et pénétrèrent dans la forêt. Ils suivirent un large sentier en direction du nord. Tous les quatre marchaient en silence. Ils n’entendaient que les longs ululements des rapaces nocturnes et le bruit du vent qui caressait la cime des chênes centenaires.
– C’est bien d’être aux confins de la forêt. Si on attaque Avana, personne ne pourra entendre ses cris ! dit soudain Valmir.
Avana ne répliqua pas. Elle préférait garder son énergie pour l’entraînement. Ils arrivèrent enfin à la limite assignée par la sorcière. Valmir et Ranthor, qui avaient déjà développé cette habileté, proposèrent de traquer Loeg. Ils lui laissèrent dix minutes d’avance avant de partir à sa poursuite.
Ils le traquèrent sans relâche, se faufilant derrière lui et l’attaquant en silence. Les deux plus vieux étaient toujours aimables avec leur cadet, à qui ils donnaient des trucs lorsque celui-ci se faisait prendre. Avana se doutait qu’ils ne lui laisseraient aucune chance quand son tour viendrait.
Après deux heures, elle les retrouva au point de départ. Ranthor et Valmir donnèrent leurs commentaires à Loeg avant de se tourner vers Avana.
– Tu as cinq minutes pour te sauver, déclara le Highlander. Tu ne pourras pas aller bien loin…
– On fait cela pour apprendre, non ?
– Ne t’en fais pas, tu vas apprendre, murmura Valmir en grattant la terre sous ses ongles avec sa dague, un rictus sadique aux lèvres.
Avana se sauva en courant. Scatach avait bien choisi son moment pour cet exercice : la lune était voilée par d’épais nuages. La nuit était si noire qu’elle ne voyait pas à dix mètres devant elle. Elle se faufila entre les grands arbres, tournant à gauche, à droite, espérant brouiller sa trace. Elle ne se faisait pas d’illusion. Elle les avait vus pourchasser Loeg. Ils la retrouveraient où qu’elle se cache, même sous le couvert de l’obscurité.
Après une dizaine de minutes, elle s’arrêta, essoufflée. Ils se rapprochaient, elle le sentait. Des images de ce qu’ils pourraient lui faire se bousculèrent dans sa tête. Affolée, Avana courut à vive allure à travers les bois, pour se sauver loin de cet enfer, se sauver jusqu’à ce que le soleil se lève enfin… Elle se ressaisit et s’immobilisa en prenant de profondes inspirations, s’efforçant au calme.
Elle allait se remettre en marche lorsqu’elle entendit une branche craquer sur sa droite. Elle s’enfuit dans la direction opposée. Entendre les pas de son poursuivant raviva sa panique. N’espérant pas le battre à la course, Avana bifurqua, se faufila entre deux arbres et se jeta à plat ventre. Alors qu’elle tentait de retenir son souffle saccadé, une silhouette passa à côté d’elle. Elle l’entendit s’éloigner puis le silence reprit ses droits, juste troublé par le bruit de sa respiration.
Croyant l’avoir semé, elle se releva. Des gouttes de sueur perlaient sur son front et elle les essuya du revers de la main. Les minutes passèrent. Peu à peu, le profond silence de la forêt la calma.
Tout à coup, elle sentit le froid du métal sur son cou. Au même moment, un bras lui enserra la taille.
– Tu ne m’as pas entendu venir, hein ?! s’exclama Valmir.
Elle tenta de se défaire de son emprise, mais il la jeta violemment sur le sol. Il s’assit sur son bassin, enfonçant la pointe de sa dague sous le menton d’Avana.
– Le but de l’exercice, c’était que tu m’entendes approcher, continua-t-il d’un ton sévère. Je pense que tu as échoué lamentablement !
– Je ferai mieux la prochaine fois, lâcha-t-elle, contrariée.
Elle n’avait plus peur de lui.
– Je crois qu’il n’y aura pas de prochaine fois, articula-t-il en faisant courir la pointe de sa lame sur la peau de son cou.
Elle s’échauffa :
– Tu te prends pour qui ? Tu crois que tu me fais peur ?! le provoqua-t-elle.
– Demande pardon au nom de ton sale peuple et je te laisserai vivre ! proféra Valmir en pressant l’arme acérée sur son cou.
– Mon sale peuple !? répéta-t-elle, s’abandonnant à la colère.
Elle sentit un chaud filet de sang couler le long de son cou et comprit qu’il ne la laisserait pas tranquille tant qu’elle ne lui aurait pas donné satisfaction. Elle ravala sa colère et lui dit, d’un ton glacial :
– Pardon.
Pardon, sale chien de Connaughta, ajouta-t-elle dans son for intérieur, ce qui la fit sourire malgré sa défaite.
Valmir fronça les sourcils. Il se releva, rangea sa dague et repartit en direction du sud. Avana le suivit, la tête haute, se jurant que, la prochaine fois, ce serait elle qui ferait couler son sang.
Ils rejoignirent Loeg et Ranthor sans prononcer un mot. D’un signe de la tête, Valmir indiqua que l’exercice était terminé. Avana suivit ses compagnons sur le chemin de la forteresse de Scatach, ce mystérieux domaine où chaque apprentissage coûtait son lot de sueur, de larmes et de sang.
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