Parfois Dakotah partait flâner à pied dans le ranch ; elle se dirigeait en général vers la pente abrupte plantée de pins où il y avait une petite source ; le sol était jonché d'ossements gris qui dataient du temps où un puma y avait établi sa tanière sous un tronc d'arbre. Bonita elle-même ne se promenait jamais : ç'aurait été un abandon de poste et une perte de temps. Au printemps, elle marquait les bêtes avec les hommes et trouvait encore moyen de préparer à manger pour tout le monde ; au moment de la vente de novembre, elle surveillait à cheval les vaches que l'on poussait dans les camions bariolés d'images de fromages suisses tandis que Verl allait couper du bois dans la forêt. Verl ne marchait jamais ; il était toujours ou dans son camion ou assis dans le fauteuil à bascule qu'il aimait. Il entrait dans la maison et soupirait :
"j'ai encore eu de la chance aujourd'hui." Sa voix était plaintive.
Elle attendait. Encore une de ses histoires interminables qui ne conduisaient nulle part et lui faisaient perdre son temps.