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Citation de PAPY42


pp 70-73

Dans les Béatitudes, Jésus trace une voie réaliste pour en venir à l’harmonie intérieure, au milieu des dangers et des turbulences de notre vie. Les paroles de sagesse de Jésus que les évangélistes nous rapportent dans le cadre de ses grands discours, nous révèlent sa profonde connaissance psychologique de l’être humain. Sa sagesse thérapeutique reprend souvent celle d’autres religions (chez Matthieu) ou celle de la philosophie grecque pour l’intégrer à sa propre démarche.

Les auteurs sont nombreux à avoir exposé la sagesse psychologique du Sermon sut la Montagne et d’autres instructions de Jésus. Dans un autre livre, j’ai moi-même tenté d’interpréter les huit Béatitudes de Jésus comme l’octuple sentier vers une vie réussie. Dans le présent ouvrage, j’aimerais me concentrer sur quelques paroles de Jésus, avant tout sur celles qui, au premier abord, apparaissent embarrassantes et peu compréhensibles. Jadis, on les a surtout vues moralisantes, accablant souvent les hommes en leur inculquant souvent la peur de ne jamais être à la hauteur des revendications de Jésus. Pour ma part, cette remarque de saint Augustin est à la clé de l’interprétation que j’en fais : « Si tu pèches, la parole de Dieu ne devient-elle pas ton adversaire ?… Toujours, elle répète : abstiens-toi, s’opposant ainsi à ta volonté, pour assurer ton salut. Oui, si tu es ton ennemi, tu as un ennemi encore dans la parole de Dieu ; deviens ton ami, et tu seras d’intelligence avec elle » (sermon CIX)

Cela signifie pour moi que chaque fois qu’une parole de Jésus m’agace, je suis mon propre adversaire, j’ai une image de moi, de la vie et de DIEU qui ne correspond pas à la vérité, et avec laquelle je me fais du tort à moi-même. En luttant avec la parole de Dieu, j’accède à mon harmonie intérieure. Et si je suis en concordance avec mon cœur, je percevrai la parole de Dieu comme une parole bienveillante qui me guide vers la vraie vie.

Ce qu’Augustin a formulé, il y a mille six cents ans comme principe d’interprétation des paroles de la Bible - et notamment de celles de Jésus - Eugen Drewermann l’a fait sien dans un langage plutôt psychologique en affirmant les interpréter NON DE MANIÈRE MORALISANTE, MAIS RELIGIEUSE. Si elles ne sont perçues que comme des exigences, elles demandent trop de nous, nous mettent sous pression et génèrent de la peur. Comprendre ces paroles de manière religieuse, c’est se laisser conduire par elles au tréfonds de la propre existence.

Les paroles de Jésus n’entendent pas répondre à la question : « Que dois-je faire ? », mais à celle : « Qui suis-je ? ». C’est pourquoi, le discours religieux prend la forme du paradoxe, tel qu’il est souvent employé dans le taoïsme sous la forme d’un court texte énigmatique que l’on appelle « koan » . Une telle parole paradoxale - et celles de Jésus sont nombreuses à l’être - « contraint à une longue réflexion dans la solitude, oblige à se sentir concerné et manifeste clairement l’impossibilité de résoudre certains problèmes à coup de raisonnements et de bonne volonté ». En ce qui concerne les paroles thérapeutiques de Jésus, je m’intéresse avant tout à des paroles maniant le paradoxe à l’exemple d’un koan et à d’autres que nous ne pouvons comprendre qu’en étant sensible au caractère imagé du langage de Jésus. Il s’agit le plus souvent de celles qui ont été transmises séparément par ses disciples, sans que l’on sache toujours clairement dans quel contexte Jésus les a prononcées. Les efforts des exégètes à en reconstituer le contexte historique précis ne m’importent pas, dans la mesure où elles peuvent déployer de nouveaux effets dans les diverses situations de notre vie.

Toutes n’ont pas seulement trait à l’enseignement, mais bien plus à la transformation de notre expérience vécue. Elles visent à nous entraîner vers une autre dimension de nos pensées et de nos sentiments. On ne peut les prendre simplement comme des recettes comme des recettes toutes faites, mais elles demandent à être mâchonnées comme du pain. Alors, - et les prophètes l’ont déjà remarqué, - les paroles de Jésus qui peuvent avoir au début un goût amer, deviennent douces comme du miel en notre bouche.
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