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Critiques de Anthony Allfrey (1)
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Man of Arms

"Le marchand de la mort", surnom donné à Basil Zaharoff. Officiellement, appelé "Sir" Basil Zaharoff, parce que Sa Gracieuse Majesté a estimé qu'il fallait anoblir cet auguste marchand d'armes, qui avait pourtant avant et pendant la première tuerie mondiale 14-18, calmement fourni des armes aux 2 camps. Un commerce tellement lucratif qu'il est devenu un des hommes les plus riches de son temps. Je crois que les lecteurs ne seront pas offusqués, si je refuse d'utiliser ce titre. Ce ne sont, dans mes yeux, pas le financement d'une série d'oeuvres philanthropiques qui lui confère une dignité dont il a cru devoir s'entourer. Pour moi il restera éternellement le marchand de la mort. Et en matière d'estime, il se trouve exactement à l'opposé de Jean Jaurès, qui lui aurait mérité les plus hautes distinctions, pour justement eviter cette première boucherie mondiale . Cette année, de passage à Paris, je suis retourné au café où Jaurès fut lâchement assassiné et en rentrant chez moi, la première chose que j'ai faite c'est de cacher la biographie de Zaharoff derrière une pile de Simenon. Sans une critique sur Babelio, je crains que j'aurais remis la lecture de ce livre aux calendes grecques.



Non pas que cette biographie serait mal faite, bien au contraire, je trouve qu' Anthony Allfrey a réalisé un travail exemplaire de recherches et de vérifications. En tant que collaborateur régulier au "Dictionary of National Biography" britannique, il sait parfaitement à quoi une bonne biographie doit correspondre. Hormis celle-ci, il en a encore écrit une sur le roi Édouard VII d'Angleterre (1841-1910), le fils de la reine Victoria, et une autre sur la famille Goldschmidt, banquiers depuis le XVIe siècle, comparable aux Rothschilds, et précurseurs de la BNP Paribas. Ce qui indique aussi qu'Allfrey s'y connaît en chiffres et sait lire des comptabilités. Ce qui pour interpréter le mouvement byzantin des capitaux de notre Basil n'est sûrement pas un luxe. Bref, un biographe de la trempe de Pierre Assouline et Laurent Seksik en France.



Je ne suis pas le seul à avoir horreur de ce personnage. Je peux me flatter de la compagnie de mon compatriote, le génial dessinateur Hergé, qui, en 1937, lui a consacré un rôle sur mesure dans son album, "L'Oreille cassée" : le sinistre trafiquant d'armes, qui y apparaît en vendant la même 'marchandise' aux 2 belligérants, sous un nom à peine déguisé : Basil Bazaroff !



L'histoire de Zaharoff démarre en 1849 en Anatolie, où il est né sous le nom de Basileios Zacharias de parents grecs et dans la pauvreté. Comme notre colporteur, juste avant de mourir en 1936 à Monte-Carlo, a fait disparaître plein de papiers personnels et brûlé ses mémoires, il reste dans sa vie beaucoup de zones d'ombre.



Une première zone d'ombre est la caisse de son oncle. À 21 ans, il travaillait pour son oncle, un commerçant à Constantinople, de qui il vidait gentiment la caisse. Lors du procès à Londres, où il avait entretemps déménagé, par un tour de magie, il produit un document comme quoi il n'était pas employé mais partenaire, et alla prendre un thé. À 30 ans, il rencontra l'armurier suédois, Torsten Nordenfelldt, en vacances à Athènes, et devint son représentant pour le Balkan. C'était son entrée dans le monde de l'industrie de l'armement. le suédois était bientôt suivi de l'americain Hiram Maxim avec son fusil à répétition rapide et de Thomas Vickers, le n° 2 anglais de l'armement, de qui il devint le vendeur principal.



Aussi bien qu'en 1914, avec la folle course à l'armement, notre businessman pouvait se contenter d'entendre sonner la caisse. Sa caisse !

Après la guerre, il limitait ses efforts à accueillir les honneurs et entre ses déplacements de son manoir, avenue Hoche à Paris, son château Balincourt ( ex-propriété du roi Léopold ii de Belgique) à Arronville et l'Hôtel de Paris à Monte-Carlo, se montrer le philanthrope. Mais attention, n'exagérons rien : d'abord le montant total de ses dons, estimé à quelque 35.000 de francs, ne représentaient pour lui, avec ses millions, pas beaucoup plus qu'un peu de monnaie le dimanche à l'église pour le commun des mortels et ses dons étaient souvent des investissements goodwill, lorsque du goodwill s'avérait souhaitable.



L'ouvrage contient une intéressante carte géographique avec indication de la présence de Basil en Europe et au Moyen-Orient, ainsi que 8 pages de photos. Une photo, sur laquelle on voit cet énergumène très sérieusement en grand apparat de chevalier du très honorable Ordre du Bain, a failli me fournir une crise d'apoplexie et le livre valser à travers la vitre ! Encore heureux qu'en Angleterre le ridicule ne tue apparemment pas.



Sur ce Basil plusieurs biographies ont été publiées, certaines gonflées d'exagérations dans un sens ou d'autre. Quant à recommander cet ouvrage, j'ai de sérieux doutes liés au caractère foncièrement antipathique du protagoniste. Je regrette un peu pour Anthony Allfrey, mais je comprends que les éditeurs français ne se soient guère précipités pour assurer une traduction de son pourtant excellent travail. Peut-être pourrait-il se faire dédommager auprès les descendents de Basil !
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