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Citation de Charybde2


Car ce n’est pas le moindre des paradoxes de Scherbius : bien qu’enseignant sans diplôme, il se sent investi d’un magistère sacré. Encore aujourd’hui, il se rappelle chaque élève et rumine les conseils qu’il aurait dû lui donner. « Bouchard confondait Hegel et Engels. La petite Alvarez ne comprenait pas la différence entre une allégorie et une parabole ; pourvu qu’elle ne soit pas tombée sur Platon à l’oral, parce que là, adieu la moyenne ! »
On sent que le métier d’enseignant est, de tous ceux qu’a exercés Scherbius, le seul à l’avoir comblé. « Transmettre à un gosse le goût de la lecture, lui révéler les secrets de la matière, l’initier à une autre langue, je n’imagine pas mission plus gratifiante », avoue-t-il, en réprimant difficilement son émotion. Faut-il voir dans ce plaidoyer le regret de n’avoir pas lui-même bénéficié d’une meilleure formation ? Une attaque voilée contre son père, absent pendant les années cruciales de l’adolescence ? Le besoin de donner un sens à une vie qui en paraît singulièrement dénuée ? Un peu des trois, sans doute.
Après cinq ans de bons et loyaux services, Scherbius tourne le dos à l’Éducation nationale. « Écrivez, s’il vous plaît, que je n’ai rien coûté au contribuable », insiste-t-il. De fait, contrairement à certains fonctionnaires qui économisent des mois pour tâter du frisson de la roulette, Scherbius écume les casinos pour s’offrir le luxe d’enseigner le dessin à des collégiens.
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