POISSE
on peut encore poser les mots
comme un rebord de fenêtre
une rambarde qui n'enlève rien au vide
assez de cette fatigue sans cause
à force d'années mortes on ne va pas
revenir sur des souvenirs
qui pointent leurs nez comme têtes de rats
on cherche peu d'air
on se replie dans les sons
leur espèce de musique on se dit
plutôt les mots que rien même
si ça n'avance pas au moins
on aura dit un peu l'inertie
le poids de ce qui est autour
par tristesse peur simple d'être
avec peu de marge devant
si peu de moyens pour bouger
dans cette boue lourde du temps
de longues heures sans parler
les mots vont leur route dedans bizarres
feux sans joie sans cause juste jalons
d'exister au bord
filasse de fatigue
et foin des rêves
muet face à ce qui se tait
nous tait de même
silence qui bruit d'avant les mots
ou quelque chose comme
du vent
un vent de mots qui poisse
autant en rester là
demain à faire