Tous deux, ils en poussent plus d'un à changer de trottoir. Un grand jeune tout sec aux longues jambes bancales accompagnant la menace d'une masse aux larges épaules. Deux oiseaux rapaces n'ayant pas assez d'espace sous l'éntendue, entre deux sommets. Ils ne leur auraient pourtant rien fait, mais ils ne savent plus comment se mettre de biais. Comment sortir leurs ailes de leur axe. Pire : comment se déposer. Le bistro est en vue. Un rire secoue le peintre. Une toux, et le rire est craché sur le sol. La porte s'ouvre avec fracas. Ils abordent.
C'est pas parce qu'on est paranoïaque que personne ne vous veut du mal.
On se repose ici, même s'il n'y a plus de silence.
Le commerce de l'imminent se change lentement en boutiques d'antiquaires. Les boyaux s'affinent. D'abord c'est bric-à-brac, tout et rien, le genre d'objets oubliés derrière un camion ou quelques déménagements pressés. Toc pour les uns, trésor pour les autres. Vieilles recharges de portables et portables sans batteries. Boutons de manchette uniques. Médailles, broches et pin's perdus dans d'anciennes boîtes à biscuits. Rouilles de couteaux suisses. Mites fourrées sous fourrures. Couverts en argent inoxydable. Les cadres vides et les bouteilles vides et les journaux d'emballement et leurs caisses et le tabouret sur lequel ça repose - tout est à vendre.