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Critiques de Antoine Vigne (7)
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Tout s'écoule

«Detroit est comme un conte et un abîme»



Dans son premier roman, Antoine Vigne raconte la vie de Gilles, pilote d'avion, qui atterrit à Detroit. Cette ville décadente, dans laquelle il déambule avec son Luc, son nouvel amant, est à l'image de sa vie.



Gilles n'est plus dupe. En prenant les commandes de son long courrier, il sait que ses rêves d'enfant se sont évanouis, que l'aventure et la découverte du monde se sont dissous dans une société consumériste qui voyage toujours plus, qui enfile les destinations comme les photos dans leurs smartphones, sans véritablement chercher un sens à ses déplacements. Aujourd'hui il retourne à Detroit, ville qu'il a découverte au temps de sa splendeur dans les années 1990 et qu'il retrouve balafrée, défigurée par le déclin de l'industrie automobile.

«Cette friche n’en est pas une

Cette campagne n’en est pas une

Ces étendues vertes au long des avenues — il y avait des maisons là et là, partout, sur tous ces espaces vides, ces terrains

vagues, ces pelouses improvisées

Des populations, des tramways, des cafés, des théâtres, des familles, des histoires sordides ou gaies ou solitaires, des parades des véhicules, des amoureux, des enfants courant après un chien

La vie

D'une métropole

décomposée»

Au hasard de ses déambulations, il croise les stigmates d'une destinée, échange quelques mots avec des habitants désabusés et finit dans un bar où il trouve Luc, un autre Français venu convoyer des œuvres d'art. Il finira la nuit en sa compagnie. Puis partagera avec lui les quelques jours qui lui restent dans le Michigan.

«Ils parlent

longtemps

du Michigan d'abord puis de Trump, de l'Amérique contemporaine,

de ses travers, de ses errements,

du capitalisme mondial,

le désastre écologique,

et la violence,

les grands combats de l'époque».

Ensemble, ils revisitent la ville, parcourent les musées, se dévoilent. Pourtant ils pressentent que leur liaison ne durera pas, savent que le temps des belles promesses est terminé. Que l'avenir s'assombrit. Que cette parenthèse est désenchantée.

Ce choix de composer son roman en vers libres permet à Antoine Vigne de séquencer son texte en impressions, sentiments, émotions. Mais ce travail sur la langue lui permet aussi de trouver des images fortes – des punchlines, comme on dit aujourd'hui – qui résument en quelques mots cette Amérique divisée, cette ville qui est passée en quelques années de la grandeur au désastre, et sa vie construite autour de la figure du père parti trop vite et dont il a sans doute plus fantasmé les leçons que réellement apprises.

«Les bars en Amérique sont des gueuloirs»

«L'homme est une dérive, un virus,

tout ce que nous touchons est abîmé»

«Sans le doute il n'y a que la violence».

Après Là où nous dansions de Judith Perrignon, nous voilà une nouvelle fois invités à arpenter les rues de Detroit, devenue malgré elle la ville symbole des excès du consumérisme et de ses conséquences. Mais là où la romancière mêlait les voix et les époques, Antoine Vigne préfère les images et les sensations. Comme cet étage d'un étage qui s'effondre et ne laisse derrière lui, après un instant de sidération qu'un nuage de poussière. Cette poussière où nous retournerons tous...

Mais en filigrane, un second thème apparait, l’homosexualité, qui semble être un sujet récurrent en cette rentrée littéraire avec notamment Un empêchement de Jérôme Aumont, Plexiglas d’Antoine Philias ou encore La prochaine fois que tu mordras la poussière de Panayotis Pascot, sans oublier La vie nouvelle de Tom Crewe. Ici le romancier l’aborde avec tendresse. Mais il paraît qu’il faut prendre garde à la douceur des choses…




Lien : https://collectiondelivres.w..
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Tout s'écoule

Décollage immédiat pour la ville de Détroit, dans le Michigan, avec le premier roman d’Antoine Vigne, Tout s'écoule aux éditions Bartillat.



Gilles est pilote de ligne pour Boeing et se retrouve à faire une escale à Détroit, une ville fantôme et en ruine. Cette ville, Gilles l’aime pour son architecture et son urbanisme. Celui qui se rêvait architecte déambule dans la ville et s’interroge sur sa place dans ce monde.



Un soir, dans un bar gay, son regard croise celui d’un autre Français, Luc, conservateur de musée, âgé d’une vingtaine d’années de moins que lui et également de passage dans la ville.



Dans un tourbillon enflammé, les deux hommes s’abandonnent dans ce rêve éveillé face à cette ville à reconstruire.



Ce livre est écrit en vers libres. Il peut surprendre le temps des premières pages. J’ai trouvé dans ce roman une forme d’allégresse et de virtuosité. Au cœur de cette ville, le temps semble comme suspendu. Dans cette relation fugace, les deux hommes abandonnent leurs corps et leurs chairs dans les draps d’une chambre d’hôtel. Ce flirt pour une journée est vertigineux.
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Les Erreurs dans l'Architecture

Un livre intéressant.

On y retrouve des œuvres, des bâtiments aussi variés que le Hameau de la reine à Versailles, en passant par la cathédrale de Beauvais, la grande muraille de Chine (qui n’en est pas une…) pour finir par la centrale nucléaire de Fukushima.

Rien d’étonnant que de retrouver également la tour de Pise.

Alors, ce ne sont parfois que de petites remarques. Ce ne sont pas toujours des erreurs aussi visibles que celle de la Tour de Pise. Mais même sur la tour de pise, on découvre (pour les béotiens, bien entendu …) des petites choses. Que la construction a été stoppée à cause de la guerre, avant d’être reprise, et que de nombreux travaux ont été engagés pour essayer de la stabiliser.

Franchement, c’est plutôt bien fait. Ça ne tombe jamais dans de la complexité, et c’est suffisamment varié pour que chacun s’y retrouve !

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Les Erreurs dans l'Architecture

J'ai été un peu déçu par ce livre… Certes, le format choisi est très plaisant et les photos sont très belles. Cependant, le texte descriptif n'est pas assez approfondi et parfois on n’en vient même à se demander où se trouve « l'erreur » ! Peut-être dans le choix des dites erreurs dans l'architecture ? Je n'ai au final appris que très peu de choses.
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Tout s'écoule

Ce qui frappe d’emblée, c’est la forme, évidemment. Ecrit en vers libres, "Tout s’écoule", avec son accumulation d’images percutantes et son rythme empreint d’urgence, nous embarque dans sa scansion. Ce choix narratif, pertinent, colle parfaitement au propos.

L’intrigue est minimaliste. Gilles est pilote de ligne. Au cours d’une escale à Détroit, il déambule dans la ville, d’abord seul, puis en compagnie de Luc, une aventure d’un soir ou peut-être plus. Le jeune homme est lui aussi de passage, venu accompagner des œuvres exposées dans un musée.



Gilles est un désabusé, dénué de toute illusion non seulement sur son métier, conscient d’être un rouage de l’une des industries les plus néfastes, mais aussi sur le monde, dont la folie et le cynisme l’obsèdent. La narration se fait l’écho du tourbillon insensé dans lequel nous enferme la domination du profit et de l’argent, que l’on sait délétère et voué à l’échec, et auquel nous n’opposons pourtant aucune résistance. Ce qui compte, c’est de devenir et/ou de rester possédant. Enfermés dans nos routines, dans nos préoccupations individuelles et matérielles, gavés à la conviction de notre unicité et de notre importance, nous magnifions notre propre idée de nous-mêmes, qui à la fois nous écrase et nous déresponsabilise vis-à-vis des irréversibles dégâts que nos choix aberrants infligent au monde. Les écrans, en focalisant notre attention, la détourne par ailleurs de ce qui est véritablement grandiose et à sauver : le ciel, la terre, la mer...



Pour autant, Gilles n’est pas complètement désespéré. Il sait encore voir la beauté du monde, et s’accroche à ce puissant désir qui pousse les hommes à vouloir le réinventer.



Luc est plus pessimiste et plus catégorique, en colère, et intimement convaincu d’une finitude dont nous portons l’entière responsabilité.



Détroit, cité fantôme en ruines, devient le symbole de notre échec et de nos dérives. Ville du miracle industriel et de la modernité, des classes moyennes et de la musique, elle a fini par devenir victime de son succès, avec la fermeture de ses centaines d’usines vaincues par la relocalisation, sacrifiées sur l’autel du "toujours plus de profit". Protéiforme, elle concentre dans son histoire à la fois la grandeur d’une épopée économique démarrant à la victoire contre les nazis et les démons de l’esclavage et de la ségrégation. Malgré ces errements, et malgré sa chute, elle survit. Ceux qui n’ont pas pu partir -majoritairement des noirs- et ont subi la fermetures écoles, des commissariats, des services publics et des infrastructures, ont instauré une nouvelle économie, minimaliste, celle de la débrouille.



Et Gilles y voit, si l’on prend la peine d’y traquer certains signes, la preuve de la possibilité d’un revirement. Il montre ainsi à son amant les marques évidences du déclin mais aussi les fulgurances que font naître certaines beautés architecturales, la créativité spontanée qui s’est par endroits emparée des murs, traces de visiteurs, fantômes ou amoureux, qui en cherchant la transgression, se réapproprient l’espace urbain, amorçant la conception d’une ville autre, modelée par ses habitants et non plus l’inverse.



Détroit nous montre ainsi ce que sera la fin du rêve, mais aussi, peut-être, se fait la friche d’un nouveau rêve à bâtir…



Poésie du délabrement et de la hantise de la dévastation environnementale, "Tout s’écoule" est, même s’il est traversé d’un infime espoir, un texte sombre, que sa dimension lancinante rend frappant, malgré le manque de consistance de son intrigue.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Tout s'écoule

Un premier roman écrit entièrement en vers libres, où la ville du Michigan joue un rôle primordial.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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American dreamer

Juan est étudiant à El Paso. Sa vie tourne essentiellement autour de ses études d’astronomie et de sa soeur Isabelle avec qui il partage un appartement. Tout bascule le jour où il fait falsifier des documents officiels en essayant de prétendre être Américain alors que Juan est Mexicain en situation illégale. Son rêve américain est bouleversé. Il n’est plus un Americain Dreamer qui doit justifier d’un nombre d’années sans problème sur le territoire américain et sans tentative de fraude. Juan doit tout quitter, Elisabeth son professeur et mentor, son appartement, ses amis, sa vie. Seule Isabella le suit, forcée er contrainte car elle est elle aussi en situation illégale… Commence alors un voyage, une migration du frère et de la soeur pour échapper à une explusion certaine. Ils s’installent à Tucson dans l’espoir de se créer une nouvelle vie. Mais pour Juan sa vie est derrière lui. Du moins c’est ce qu’il pense. Il a tout laissé derrière lui a El Paso. Mais comme souvent la vie continue, en bien. Isabella retrouve la joie de l’investissement caritatif, Juan rencontre une femme qui lui convient et encore bien plus important des rencontres fortuites le font réfléchir à son passé, les raisons de sa présence aux États-Unis, l’absence de ses parents. Il s’oblige à se redécouvrir lui et sa famille quitte à retourner sur les terres de ses ancêtres afin d’y retrouver une sérénité et faire le point avec son passé. Tout cela au péril de sa vie car en retournant au Mexique il n’est pas sûr de pouvoir en revenir indemne. Une belle quête de soi, voici ce que nous propose l’auteur. En s’interrogeant sur les motivations d’un homme à obtenir la nationalité américaine, l’auteur attache à un rappeler qu’il est parfois intéressant de se souvenir des raisons qui poussent les gens à vivre. Dans le cas de Juan, c’est l’amour de ses proches mais surtout son envie de faire table rase du passé avant de pouvoir s’engager pleinement dans cette future nouvelle vie. Le rêve américain est fait de beaucoup de sacrifices pour soi-même et pour les siens. L’écriture est sobre, bien structurée avec une volonté de narration plus que de dialogues. On est Juan, on vit avec Juan dans ses doutes, ses peurs et son incroyable envie d’aider les autres. Une histoire touchante et sans doute terriblement vraie pour qui connaît les troubles de la frontière Américano-mexicaine.
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