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Citation de Charybde2


La suie avait durci autour de ma tête. Il faisait froid, il faisait noir. Quelqu’un chuchotait et, à force d’écouter, je reconnus ma propre voix. Breughel appelle Molly, disais-je. Répondez.
Je me mis à attendre. Plus un bruit ne parcourait les ténèbres. Breughel ou Molly, répondez, suppliai-je encore.
Des cendres croustillaient sous mes paupières. Je me tournai sur le flanc. L’espace avait la consistance d’une ruine familière. Un fragment de tapis partiellement brûlé et des éclats de carrelage ou de fenêtre flottèrent devant ma bouche, puis une planche. De temps en temps, je m’agrippais à une épave, ce qui ne m’empêchait pas de sombrer vers des tréfonds sans lignes droites, vers l’oubli, vers je ne sais quoi qu’il fallait clore, vers Molly, peut-être. Le silence se prolongeait. On ne voyait rien.
– Hé, dis-je. Quoi, on ne voit rien. Comme si tu ne pouvais pas inventer des images.
Serrant la planche contre moi en guise de compagne, j’entrepris de tisser une histoire, notre histoire. J’ignore si Molly écoutait ou si elle était morte. Par intervalles, je posais des questions, mais, le plus souvent, j’y répondais. Il m’arrivait aussi de fermer mon discours et de rendre hommage une minute à l’absence des mots, ce que j’obtenais en tapant sur le bois avec mes phalanges ou mon front. Il fallait entièrement reconstruire les bruits de l’extérieur et, quand je cessais d’agiter des morceaux de corps, lèvres ou membres, presque rien, autour de moi, ne vibrait.
Plus sonore avait été le passé.
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