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Citation de coco4649


Poésies diverses

La Mort d'un chat
À Madame O.....


Rien de ce qui naît bon ne vieillit sur la terre ;
Le plus tendre des chats,
Georget, n’est plus ! Georget, ainsi qu’un chat vulgaire
Qui meurt, tombé, le soir, de sa froide gouttière,
A subi le trépas.

Ce n’était pas un chat à guetter et poursuivre
Sous les obscurs lambris
Quelque rat qui s’oublie à ronger un vieux livre ;
Superbe et nonchalant, son dédain laissait vivre
Les rats et les souris.

Car le rusé savait que la main d’Isabelle
Ne pouvait l’oublier,
Et des mets qui chargeaient la table maternelle
Levait, chaque matin, une dîme nouvelle
Pour l’hôte du foyer.

Tout le jour au regard de sa jeune maîtresse
Il attachait le sien,
Et vivant de sa vie, et la suivant sans cesse,
Sous la grâce du chat il avait la simplesse
Et la bonté du chien.

Mais l’enfant grandissait ; quand ce fut une femme,
Et que son œil plus doux
De ses chastes pensers laissa percer la flamme,
Georget parut comprendre, et de loin sa pauvre âme
Vit s’approcher l’époux.

Immobile en ce jour de peine solitaire,
On eût dit qu’il dormait,
Mais son œil soulevant cette morne paupière
Trahissait quelquefois sa rêverie amère
Et puis se refermait.

Et quand elle quitta l’ombre du Gynécée
Avec un long soupir,
Il suivit quelques pas la blanche fiancée,
Et voyant, au retour, la chambre délaissée,
Il se mit à mourir.

Deux ans il a traîné la flèche envenimée
De son profond ennui ;
Mais l’ingrate parfois qu’il avait tant aimée
Venait prendre au banquet sa place accoutumée,
C’était assez pour lui !

Et, comme la rosée, avant de fondre, brille
Au soleil du printemps,
Du regard qu’en passant le seuil de la famille
Laissait encor sur lui tomber la jeune fille,
Il a vécu deux ans.

Et du fidèle ami de votre premier âge
Qui vous quitte en chemin,
Il ne vous reste, hélas !, qu’une muette image,
Quelque doux souvenir, et sur cette humble page
Mes vers sans lendemain.

Hélas ! en cette vie où les belles journées
Se fanent dans leur fleur,
Puissiez-vous, poursuivant vos jeunes destinées,
Ne regretter jamais de ces fraîches années
La première douleur.

p161-162-163
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