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Citation de dourvach


Je regarde ma femme et m'étonne comme un enfant. Je me demande, complètement abasourdi : se peut-il que cette vieille femme obèse, maladroite, qui porte sur le visage une expression obtuse faite de soucis mesquins et de craintes du lendemain, dont la vue est obscurcie par la pensée incessante des dettes et du besoin, qui ne sait parler que dépenses et sourire du bon marché, se peut-il que cette femme-là ait été jadis la Varia si mince que j'ai passionnément aimée pour son bel esprit clair, pour son âme pure, sa beauté et, comme Othello Desdémone, en raison de sa "compassion" pour ma science ? Se peut-il que ce soit Varia, ma femme, celle qui m'a jadis donné un fils ?

[Anton TCHEKHOV, "Une banale histoire" ("Skoutchanïa historia"), Chapitre I, 1889 - traduit du russe par Edouard Parayre pour les Editeurs français réunis, 1971 - trad. revue par Lily Denis pour les éditions Gallimard (Paris), coll. "folio 2 €", 1996 - pages 18-19]
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