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Citation de GeorgesSmiley


Ce commerçant gros et tranquille, qui saluait cérémonieusement les dames du quartier et connaissait les diminutifs de toutes les domestiques vivait désormais tapi dans sa boutique qu'il n'avait voulu ni abandonner ni fermer, un réduit au comptoir blanc et aux faïences blanches dans lequel il avait investi les efforts de toute sa vie, les cruels levers encore à la nuit, l'épargne centime après centime, l'obligation d'être servile avec les puissants, qui exigeaient de lui d'être appelés Don et Dona, ou Madame ou même Madame la Marquise, et qui pourtant ne lui payaient pas parfois leur note de lait; et maintenant, sans comprendre pourquoi, lui qui ne s'était engagé dans rien, qui ne s'intéressait pas à la politique, était obligé de vivre dans la peur, disait-il en baissant la voix, craignant que n'importe qui ne vienne lui prendre ce qui lui appartenait ou lui tirer quatre coups de fusil. La crainte était présente dans ses yeux légèrement saillants, dans le tremblement de son double menton : il parlait avec Ignacio Abel et soudain on voyait dans ses yeux que la confiance qu'il éprouvait pour ce client bien connu et d'aspect respectable ne parvenait pas à éliminer l'aiguillon de la peur, parce qu'il y en avait qui dénonçaient pour se sauver eux-mêmes, pour s'attirer les bonnes grâces d'une équipe de bourreaux, et qui sait si cet homme ne continuait pas à vivre tranquillement dans le quartier parce que au fond il était complice des pistoleros qui venaient la nuit inspecter les maisons et arrêter des gens qui jamais plus ne revenaient.
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