Aquilino Morelle

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Plus qu’une analyse clinique des ressorts du vote RN(B), l’ancien conseiller de Lionel Jospin et de François Hollande livre ici une autopsie lucide d’une faillite : celle de son camp. Il est longuement ici question de cette gauche qu'il accuse d'avoir rendu plausible I'hypothèse d'une accession au pouvoir de Marine Le Pen.



Dans cet étonnant exercice réquisitorial, tout le monde à gauche, ou presque, en prend pour son grade.

- SOS Racisme et son détournement par François Mitterrand ? « Une manipulation de la jeunesse à des fins de conservation du pouvoir » qui «pervertit l'identité de la gauche ».

- Le tournant de la rigueur de 1983 ? « Depuis, la politique conduite ne part plus de la Nation. [..] L'impulsion vient de l'extérieur, de Bruxelles. »

- La note de Terra Nova, qui implora en 2011, les stratèges socialistes de se détourner de l'électorat ouvrier traditionnel pour attirer le vote populaire des banlieues et des minorités ? « Un mélange de désinvolture morale et de calcul électoraliste. »



Il n'y a plus rien à tirer de cette gauche-là.



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Ce document est vraiment indispensable, au même titre que La cause du Peuple de Patrick Buisson, pour ceux qui s'intéressent à la chose politique.

Aussi fort qu'un thriller angoissant ou un film d'angoisse qui donne des sueurs froides, il vaut mieux ne pas le lire en soirée ou la nuit...

Aquilino Morelle décrypte pour nous le déroulé de la présidence de M.François Hollande mais pas que...

Seul bémol, le fil conducteur de l'ouvrage sont les convictions politiques de l'auteur et bien souvent ses états d'âme et ses inimitiés, ce qui, à mon humble avis de lecteur, enlève de la force au livre.

Je cherchais comment présenter ma lecture de cet essai d’Aquilino Morelle, et c’est Roger-Pol Droit, dans “Le Mondes des Livres” du 22 décembre 2023 qui m’a fourni une introduction idéale :

“En fait, il y a toujours à choisir entre deux attitudes de lecture. Ne prêter attention qu’aux ouvrages renforçant ce qu’on a déjà en tête, au risque de l’entre-soi et du ressassement. Ou bien s’exposer volontairement à des discours qui bousculent, heurtent ou défont ce qu’on croit. Pourquoi ? Pour s’exercer à penser.”

Si l’on est – ou a été – de gauche (toutes tendances confondues), cette Parabole des aveugles pourra certainement bousculer, heurter et défaire ses croyances politiques. Elle est aussi l’occasion de se confronter à un diagnostic susceptible de conjurer le sous-titre de l’essai, “Marine Le Pen aux portes de l’Élysée”. Encore faut-il accepter d’être mis face aux contradictions, errements et démissions trop souvent à déplorer sur la gauche de l’échiquier politique.

Le quotidien “Le Monde”, lui-même, n’est pas à l’abri du refus d’obstacle, ainsi qu’en témoignent ses critiques des essais de Christophe Guilluy, souvent à la limite de l’injure. Au-delà des emportements parfois excessifs de cet essayiste, force est de reconnaître qu’il offre, lui aussi, des clés pour comprendre et conjurer l’irrésistible ascension du FN/RN. L’accuser d’être lui-même d’extrême droite est une erreur comparable à celle consistant à accuser le thermomètre d’être responsable de la fièvre…

Je vous laisse donc prendre connaissance de cet essai, sans en dire plus…

Une bonne analyse des défauts de la construction européenne, et de la particularité de la France de n'avoir pu construire une Europe qui serve ses intérêts. J'ai lu le livre avec plasirir, même s'il est gros et qu'il y a pas mal de répétition, et que la même thèse est répétée ad nauseam.

Le livre de De Villiers sur l'Europe (J'ai tiré sur le fil de mensonge), même s'il est plus polémique, est selon moi plus intéressant car il a une vraie thèse quant au tropisme des élites françaises vis-à-vis de l'Europe. Idem sur le livre de Varoufakis (et les faibles subissent ce qu'ils doivent) qui a une vision particulière de la façon dont les élites françaises ont construit uhne Europe qui nous dessert. Ce qui selon moi manquait dans l'analyse ici, c'est la partie "opium des élites" car je pense que pour beaucoup de hauts fonctionnaires, l'Europe est un cadre où peut se développer une vision nordo-libérale enseingée à l'ENA et également un réservoir de boulots bien payés pour certains de nos fonctionnaires

Fils d’émigré espagnol, médecin et énarque, Aquilino Morelle a été le compagnon de l’ombre de grades figures de la gauche française entre 1997 et 2014. Il es,t tour à tour, conseiller du premier ministre Jospin, puis directeur de la campagne Montebourg avant d’être conseiller politique du président Hollande qui va le débarquer brutalement.

Cet essai prend une curieuse place entre une thérapie personnelle après limogeage, un règlement de comptes envers les uns, une admiration absolue envers d’autres, mais surtout le décryptage passionnant d’un renoncement aux idéaux au profit d’un maintien au pouvoir. Ce dernier point est assurément le plus intéressant. Aquilino Morelle en analyse finement les mécanismes internes. La plume est brillante, vive. La charge contre ceux qui l’ont déçu et blessé reste marquée par l’amertume.

Bien loin d’un essai vengeur aux effets de manche tapageurs, « l’abdication » constitue un témoignage de première main pour comprendre les rouages du pouvoir et les jeux d’influences qui ont débouché sur la défaite du parti socialiste aux dernières élections présidentielles.

Si le titre n'était pas assez explicite, le sous-titre figurant sur la jaquette l'est clairement : "Comment en est-on arrivé là ? ".

Certes, l'abdication n'est pas de la grande littérature. Mais ce genre d'ouvrage a un grand mérite : celui de dévoiler les coulisses de la pièce de théâtre qu'est souvent devenue la politique, et dont les citoyens ne voient habituellement que la scène. Dans l'abdication, Aquilino Morelle, conseiller du Président Hollande, nous livre en effet une chronique des vingt-trois mois qu'il a passés à l'Élysée, dans le bureau voisin de celui de François Hollande. L'ouvrage, qui est paru en janvier 2017, un mois après l'annonce par François Hollande de sa non-candidature à un second mandat, le 1er décembre 2016, sent l'amertume et la rancoeur à son encontre : en clair, il s'agit d'un règlement de comptes. Une sorte de version masculine de Merci pour ce moment de Valérie Trierweiler.

Mais il offre aussi un éclairage intéressant sur la vie politique française et sur l'évolution récente de la gauche, notamment sa rupture progressive avec le peuple, qu'il explique par le poids décroissant des ouvriers dans la population active, et sa position à l'égard de la mondialisation. Il dresse par ailleurs le portrait de plusieurs personnages de premier plan. Flatteur, pour Emmanuel Macron, qui n'est encore que Secrétaire général adjoint de l'Élysée, ou pour Manuel Valls, qui n'est pas encore Premier Ministre. Acides pour Jean-Marc Ayrault et surtout pour François Hollande lui-même. A cet effet, Aquilino Morelle cite Abraham Lincoln : "Presque tous les hommes peuvent endurer l'adversité ; mais si vous voulez éprouver le caractère d'un homme, donnez-lui le pouvoir" (page 115). Et il conclut : "Un pouvoir dont il ne savait que faire, qui le mettait dans l'embarras, dont il était encombré et qui le plongeait dans la perplexité." (page 287). D'où une attitude ambivalente, qu'il illustre avec une autre citation d'Abraham Lincoln : "On peut tromper tout le monde une partie du temps, et une partie du monde tout le temps, mais on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps" (page 59).

Quelques événements jalonnent la dégradation des relations entre les deux hommes : le discours du Bourget, la promesse non tenue au sujet des hauts-fourneaux de Florange, l'affaire Leonarda qui révèle au grand jour le caractère inopérant du tandem Hollande / Ayrault, l'affaire Julie Gayet (cf. Closer du 10 janvier 2014), l'affaire Cahuzac, le projet de mariage pour tous et le retrait de l'objection de conscience pourtant annoncée au Congrès des Maires de France, etc.

A l'heure où cette critique est écrite, on connaît tous la fin de l'histoire : elle n'a pas tourné en faveur de François Hollande. Comme disait Le Cardinal de Retz, on ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment.

Très bien écrit. Objectif et instructif. A lire avant d aller voter.