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Citation de jmb33320


Achim VON ARNIM
Les Héritiers du Majorat

[…]
Après l’église, il avait coutume de se rendre en visite chez la vieille noble dame, dont il franchissait la porte chaque dimanche, alors que les autres jours il passait seulement devant, en aspirant une prise de tabac de Schneeberg qui le faisait bien éternuer cinquante fois, déambulant comme une jeune fat et faisant le beau coq, se dandinant comme un petit-maître au risque de franchir malgré lui le porche de la demeure, tandis que sa flamberge lui battait les mollets, car il la portait à l’ancienne mode, glissée entre les basques de son habit.
Cette vieille dame noble, suprêmement frisée, poudrée comme neige, fardée comme un émail et couverte de mouches, avait conservé depuis trente ans le même empire sur notre malheureux duelliste, sans lui avoir jamais donné le moindre signe d’une quelconque réciprocité de sentiment. Quasi chaque jour il la célébrait sous toutes les formes poétiques, en des vers innombrables, mais sans oser se risquer jamais à lui lire ces épanchements de sa Muse, retenu par une juste crainte de son esprit et de sa repartie. Peigner chaque dimanche le gros caniche noir dans la présence de la dame, répondre à ses questions, tel était le salaire de cette journée dominicale tant attendue ; mais aussi recevait-il en échange un gracieux sourire, auguste récompense que notre galant estimait sans prix.

(Pages 397-398)
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