Les livres et les disques
rangés sur les étagères,
posés sur les tables,
ont leur silence propre
comme le temps lui-même.
Il me suffit d’ouvrir un livre
et de lire une page.
Les mots se laissent traverser par le silence,
la pensée dit ce qu’il y a à dire,
le style continue son chemin.
Une page d’Homère et de Lucrèce,
de David et de Dante,
de Shakespeare et de Góngora,
de Hölderlin et de Rimbaud.
Le jour est autre, la nuit aussi.
La singularité fait la différence,
l’exception la vérifie.
Tout cela se passe sous vos yeux :
vous êtes disponible à vous-même
plus que jamais,
à l’autre par-delà vous-même.
Une page déroule et enroule votre voix
comme une plage la musique et le chant
le temps sous vos yeux.
Ce à quoi peut prétendre une vie
entre terreur et barbarie
dans la mondialisation
de l’économie comptable
et productive de la technique.
Sans commencement ni fin :
on se croirait dans la vie réelle
sans y être.
Comme si rien n’était rien :
tout, sauf rien.
Rien qu’une absence de monde
dans la servitude volontaire
et la fausse conscience historique
du temps.
Ce que j'essaie d'atteindre
est ce mouvement
de la parole
dans le langage et la vie.
Reprenons les chemins d'ici, éditions du Cygne, 2019.
Sous ses yeux :
un doigt sur une page
pour entendre
ce qu'il y a à entendre
sous ses doigts.
On ne part pas, éditions du Cygne, 2017.
Présence des livres :
existence au présent.
On ne part pas, éditions du Cygne, 2017.
On est ce que l'on aime.
Reprenons les chemins d'ici, éditions du Cygne, 2019.