Le reste du groupe, par contre, commençait à douter de l'utilité d'un suicide collectif. Les uns après les autres, plusieurs des désespérés s'étaient aperçus que le monde était tout compte fait un endroit agréable et que les problèmes qui leur avaient paru insurmontables dans leur mère patrie paraissaient minimes vus de l'autre extrémité de l'Europe. Le long voyage en compagnie de camarades d'infortune leur avait redonné envie de vivre. Le sentiment d'une même appartenance avait consolidé leur confiance en soi et sortir de leur univers étriqué leur avait ouvert de nouveaux horizons. Ils avaient pris goût à la vie.