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Citation de ThibaultMarconnet


Ça fait mal

Au dehors et au dedans,
guetté à mort, en fuyant
(tel le souriceau effaré dans son trou)

Tant que dure ton ardeur,
la femme te donne sa chaleur,
ses bras, ses genoux, ses seins te protègent

Ce n’est pas que le plaisir
et ce n’est pas que le désir,
mais aussi le besoin d’amour –

Et voilà pourquoi tous étreignent
tous embrassent la femme qu’ils aiment,
jusqu’à ce que bouche ne flétrisse.

Qu’il faille aimer,
double fardeau, double trésor en peine.
Qui aime et cherche en vain son pareil

Est aussi dépaysé,
tout aussi désemparé,
que le fauve faisant ses besoins.
Nul autre abri,
tu as beau pointer, ahuri,
ton couteau vers ta mère, héros !

Et, vois-tu, il y avait
une femme pour comprendre ces mots,
et qui pourtant m’a repoussé sitôt.

Je n’ai point de place ainsi
parmi les vivants. Ma tête bourdonne,
agitant tous mes soucis et mes tourments ;

Comme le hochet qui, souvent,
grelotte aux mains de l’enfant,
laissé tout seul.

Que devrait-on faire
pour elle ou au contraire ?
Je n’ai guère de peine à le deviner,
Et puisque le monde éconduit
celui qu’un songe étonne
et que le soleil étourdit.

La culture
je m’en déshabille
comme un couple de ses parures

Mais où se trouve écrit qu’elle regarde encore
comment me malmène la mort,
et que je doive toujours seul en souffrir ?

L’enfant farouche
le souffre aussi, lorsque la femme est en couches.
L’humilité doublée calme la double peine.

Mais pour moi ce pénible chant
je le tends contre de l’argent
et la honte m’escorte.

Aidez-moi !
Vous, les gamins, que vos yeux cèdent
en éclatant là où elle passe.

Innocents,
que sous les bottes s’écrie votre sang
clamez-lui : Ça fait mal.

Vous, chiens fidèles,
échouez sous les roues
glapissez-lui : Ça fait mal.

Femmes, qui portez
votre enfant, avortez
et pleurez-le : Ça fait mal.

Hommes valides,
trébuchez, écrasez-vous dans le vide
et bafouillez-lui : Ça fait mal.

Vous, les hommes,
en vous déchirant pour une femme,
ne le taisez pas : Ça fait mal.

Chevaux et taureaux,
quand pour traîner jougs et fardeaux,
on vous châtre, sanglotez-lui : Ça fait mal.

Poissons taciturnes et tenaces,
happez l’hameçon sous la glace
et bâillez sur lui : Ça fait mal.

Les vivants, tout
ce qui frémit de peine, partout,
que brûle votre demeure, jardin, contrée animale –

Et tout autour de son lit,
si, consumée, elle s’assoupit,
vagissez avec moi : Ça fait mal.

Qu’elle l’entende à vie, à jamais.
Elle se refusa dans ce qu’elle valait.
retirant pour son bon plaisir intime

Au vivant qui fuyait
par dehors par dedans
son refuge ultime.

(p. 99-103)

https://youtu.be/dZh7H2Ar9Oc
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