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Citations de Attila Jozsef (70)


"Il serait bon de se procurer un billet pour partir vers
nous-mêmes, car c’est chez vous, c’est certain
Tous les matins, je baigne mes pensées dans l’eau
froide de telle façon qu’elles restent fraîches et
saines"
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C'était le soir. Tombant du ciel d'été,
De fous désirs, ardents comme une flamme,
Intimement m'ont visité.
Ma peau touchait ta peau de femme,
Toute ma vie alors pulsait,
Sur le petit espace
Où ta peau à ma peau se fiançait.

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Attila Jozsef
Lentement, pensivement

A la fin, l'homme atteint le sable
d'une plaine triste et trempée,
il s'étend là, le regard vague,
acquiesce, sans jamais espérer.

Et moi je m'efforce souvent
de regarder le monde sans tricher.
Les coups d'une hache d'argent
jouent dans les feuilles du peuplier.

Mon cœur est sur la branche de rien,
perché, grêle, il tremble sans bruit,
les astres doucement s'assemblent
pour regarder mon cœur la nuit.
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“De tes dents pointues mords mes lèvres offertes,
Que ton baiser me marque d’une grande rose ouverte,
Atroce jouissance pour d’immenses désirs.
Mords-moi, mords-moi ou c’est moi qui te mords.”
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Attila Jozsef
Les hommes qui ne savent pas jouer me font peur.
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Le Seigneur est grand,
mais bien petite, la miche,
Le pauvre est dolent
Comme un riche.

( extrait de "Le Seigneur est grand", p. 34)
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Attila Jozsef
L'ombre s'allonge, on voit au ciel
les étoiles qui étincellent;
déjà brûlent leurs hautes flammes,
et selon l'ordre intransigeant
tourne, comme astre au firmament
ton manque dans mon âme.

La nuit, telle une mer qui râle,
sa passion d'hydre végétale,
m'étouffe en ses relents odieux.
Viens, jette au fond de ces abysses
Le filet de désir et hisse :
hisse-moi vers tes yeux!

(" Aimez-moi")
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Cœur pur

Je n'ai ni père, ni mère, Ni dieu, ni foyer,
Ni berceau, ni bière, Ni amante, ni baiser.

Trois jours déjà sans manger, Ni bombance, ni bouchée.
Mon empire, c'est mes vingt ans. Mes vingt ans, je vous les vends.

Et si nul n'en veut, ma foi, Le diable, lui, me les prendra.
Le cœur pur, j'irai voler, S'il le faut, assassiner.

On m'arrêtera, me pendra, En terre chrétienne m'enterrera,
Et une ivraie homicide Croîtra sur mon cœur splendide.
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Depuis ton départ

Depuis ton départ, tout est plus frais ici,
le baquet, le lait, le manche de la cognée,
le bois fendu s'écroule à grand bruit,
durcit et blanchit aussi aussitôt tombé.

Sur la terre sourde le vent s'attife
il tâtonne, attarde ses mains,
laisse ballantes les branches sur son sein,
puis furieusement tombe un feuillage chétif.

Ô moi qui croyait vivre en un tendre vallon,
que ta gorge me veillait au Sud et au Nord,
que mes boucles déployaient l'aurore,
que sur mes pas brillaient le soir et ses rayons...!

Je suis assis, malingre, je te regarde qui t'ouvre,
monde, fleur d'ivraie, distance.
En tes pétales bleus le ciel se fait cendres
et le grand crépuscule peu à peu me recouvre.
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LES ADIEUX D’UNE FEMME DOUCE


Par les champs onduleux aux subtiles senteurs
Emportant ses baisers, derviche, en terre nue,
Sage et triste fakir ta femme est devenue,
Foulant la violette et n’offrant plus de fleurs !

Que n’es-tu sous mes yeux ombre fière et brillante
Suivant ma trace douce et pleine de gaîté…
Le ciel brun s’est défait de son azur d’été
Et fantôme, à présent, ton éclat se lamente.

Autant que l’infini je suis calme pourtant ;
Comme la feuille aussi sur la mer qui respire.
Je veux aborder l’homme en sachant lui sourire,
Mais nul à mes côtés ne peut être présent.

Oui, les murs de ma vie ont pleuré de tristesse
Sans avoir épousé le soleil plein d’ardeur.
Mais je ne pleurai pas quand m’atteignit au cœur
L’adieu que je dus faire à tout ce que je laisse.

Comme un parfum, qu’il soit léger, mon souvenir
Vers le ciel envolé. Pour toujours, qu’il s’y pose.
Maint bûcher de mon cœur éclose comme rose !
Et fume mon amour, dont j’eus tant à souffrir.
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Attila Jozsef
FLEUR
     
Ma main déjà l’épingle sur ton cœur !
Garderas-tu ma fleur de feu? Sa braise
Est mon buisson, mon été ; son ardeur
Est un feu noir né d’une herbe mauvaise.
     
Mais en un temps elle fut au contraire
Céleste signe en forme de buisson,
Et c’est de là que les vents de l’enfer
Ont appris l’art béni des floraisons.
     
Oui c’est de là. Ses pétales, nuages,
Par le tonnerre ont laissé leurs empreintes,
Et, se penchant, en passant elle engage,
Éclairs, ses étamines de jacinthe.
     
Elle saccagea mes herbes perverses,
Et de dure grêle était sa rosée.
Elle en couvrit l’herbe guettant l’averse
Dont la fraîche pluie aller disposer.
     
Tout son pollen est son souffle à présent,
Ou peut-être aussi une noire cendre
Qui sur tes cheveux, tremblante, descend,
Pour en deuil voilé sur toi se répandre.
     
Que la fleur de feu qu’épingla ma main
Reste en amour dans ton cœur ; sa fournaise
Est l’été brûlant, le bosquet serein
Et le sombre feu d’une herbe mauvaise.
     
« Aimez-moi... », sous la direction de G. Kassai et J.-P. Sicre, Phébus, 2005.
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POUR ELLE


Tel un joyeux soleil, ta chevelure d’or
Répand de lumineuses gerbes,
Superbes,
Sur les plis de ta petite robe, ô Trésor !
Ta fine taille dans ta robe se balance,
Adorable mouvance,
Fine vapeur de diamant
Sur la rose tremblant.
Sans pareils dans le ciel, sur notre terre ronde…
Tes yeux, par leur éclat, sont une mer profonde.
Sitôt que tu me vois, doucement, tu les clos.
Que n’offrirais-je point pour ces rayons si beaux !

Dans une mer sans fond, ton âme se balance,
Doux rayon de lune qui luit,
Séduit.
Un nuage soudain, sans la moindre clémence,
S’en vient la dérober à l’ardeur de mes yeux,
La confisque à mes vœux.
Vite, elle me fuit tel un rêve.
Et le soleil se lève.

Mais ton cœur, où bat-il ? Je ne le trouve pas.
Et pour moi, c’est la mort, c’est l’odieux trépas.
Je ne puis te briser, ma main n’y peut suffire.
Ces menottes l’ont prise. Il me faut te le dire :

Toi qui n’as point de cœur, c’est pour toi que j’expire.
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Ce n'est pas moi qui clame, c'est la terre qui tonne,
Gare à toi, gare, car le diable est devenu dément,
Fuis au fond des sources pures et profondes,
Plie-toi dans la plaque de verre,
Dérobe-toi derrière la lumière des diamants,
Sous les pierres, parmi les insectes rampants,
Ô cache-toi dans le pain frais,
Mon pauvre, pauvre ami.
Infiltre-toi dans la terre avec les pluies nouvelles —
C'est en vain que tu plonges son visage en toi-même ,
Tu ne pourras jamais le laver que dans l'autre.
Sois la lame de la petite herbe,
Et tu seras plus grand que l'axe de l'univers.

Ô machines, oiseaux, feuillages et étoiles !
Notre mère stérile réclame un enfant.
Mon ami, mon amour d'ami,
Que cela soit terrible ou sublime,
Ce n'est pas moi qui clame, c'est la terre qui tonne.
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Áron József m'engendra

Áron József m'engendra
maître savonnier qui déjà
sur le Grand Océan
fauche les blés odorants.

Borcsa Pőcze m'a enfanté
que, féroces, ont dévorée
aux entrailles et au ventre,
les brosses aux mille pattes lavantes.

J'étais amoureux de Luca
Luca ne l'était pas de moi.
Mes meubles: des ombres.
Mes amis: zéro, leur nombre.

Je ne peux plus avoir d'ennui,
Mon âme les a tous absorbés –
Et à tout jamais, je vis
À l'abandon, hébété.

(p. 20)
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Attila Jozsef
Ce n’est pas moi qui crie
Ce n’est pas moi qui crie, c’est la terre qui gronde.
Attention, attention, le diable est devenu fou !
Blottis-toi au creux des sources,
colle-toi contre la vitre,
cache-toi derrière les feux des diamants,
sous des pierres, parmi des insectes,
oh, cache-toi dans le pain à peine sorti du four,
0 toi, mon pauvre,
pénètre dans la terre avec l’averse fraîche
C’est en vain que tu plonges ta face en toi-même,
tu ne peux la laver que baignée en une autre.
Sois la mince nervure d’une herbe,
et tu seras plus grand que l’axe de ce monde.

O machines, oiseaux, frondaisons, étoiles,
notre mère stérile, en suppliant, réclame des enfants.
Ainsi, ô toi, mon pauvre,
que ce soit terrible ou bien merveilleux,
ce n’est pas moi qui crie, c’est la terre qui gronde.

(traduction Linda & Tebinfea)
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Attila Jozsef
Là sur mon front
Pose ta main
Comme si ta main
Etait ma main

Serre-moi fort
Comme à la mort
Comme si ma vie
Etait ta vie

Et aime-moi
Comme à bonheur
Comme si mon coeur
Etait ton coeur.
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Sois la tranche minuscule d’une herbe
Et tu seras plus grand que l’axe du monde.
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JE NE VEUX QU'UN LECTEUR …  

 
Je ne veux qu'un lecteur pour mes poèmes :
Celui qui me connaît — celui qui m'aime —
Et, comme moi dans le vide voguant,
Voit l'avenir inscrit dans le présent.

Car lui seul a pu, toute patience,
Donner une forme humaine au silence ;
car en lui seul on peut voir comme en moi
S'attarder tigre et gazelle à la fois.

                               (1937.)
                  Adaptation de Jean Rousselot

p.135
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Attila Jozsef
Berceuse

Le ciel ferme ses grands yeux bleus,
La maison ferme tous ses yeux,
Le pré dort sous son édredon,
Endors-toi, mon petit garçon.

Sur ses pattes la mouche a mis
Sa tête et dort. La guêpe aussi,
Avec elles dort leur bourdon.
Endors-toi, mon petit garcon.

Le tramway rêve doucement
Endormi sur son roulement.
Dans son rêve il sonne à tâtons.
Endors-toi, mon petit garçon.

Sur la chaise la veste dort
Et son accroc dort corps à corps.
Il n'en deviendra pas plus long.
Endors-toi, mon petit garçon.

La balle est vaincue, le sifflet
Somnole comme la forêt.
Et même il dort le gros bonbon.
Endors-toi, mon petit garçon.

Tu auras l'espace et la terre
Comme tu as ta bille en verre.
Tu seras géant pour de bon.
Endors-toi, mon petit garçon.

Tu seras pilote et soldat,
Berger des fauves tu seras.
Ta maman dort et sa chanson.
Endors-toi, mon petit garçon.

Jamais je n'irai
Aussi loin que me conduit
Le chemin d'amour

52 février 1935-
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ТU ES VRAIMENT FOFOLLE,
  
  
  
  
Tu cours
Comme le vent du matin,
Tu finiras par te faire écraser : gare aux voitures !
Pourtant j’ai récuré ma petite table,
Et déjà
Le faible éclat du pain est une lumière plus pure.
Reviens donc, si tu veux bien,
J’achèterai une couverture pour mon lit de fer :
Cela va bien
Avec ma pauvreté qui t’aime,
Et que le Seigneur aime aussi.
Et le Seigneur m’aime aussi.
Il ne vient jamais ici dans toute sa clarté
Car il ne veut pas abîmer
Mes yeux pris d’un tel désir de le voir.
Et ils te regarderont avec tant de douceur.
Quand tu seras revenue !
Je t’embrasserai avec précaution,
Je n’arracherai pas ton manteau,
Mais je te dirai toutes les friponneries
Que j’ai inventées depuis ton départ
Pour que tu ries à ton tour.
Tu rougiras,
Tu baisseras les yeux et nous rirons comme des fous.
Les voisins nous entendront,
Les journaliers graves et taciturnes nous entendront,
Et dans leur sommeil las et brisé, ils esquisseront un sourire.


/ Traduction Georges Kassaï
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