Maman
Maman depuis huit jours déjà
m’arrête en songe à chaque pas.
Je vois le linge et le panier
montant, grinçant vers le grenier.
J’étais un être fruste encor
et piaffant dur et criant fort.
J’emplissais de moi ses oreilles :
« Moi, je veux être la corbeille ! »
Mais que je pleure ou que je crie,
mot, ni regard, ni gronderie :
la corbeille et le linge ailé,
luisants, sans moi, s’en sont allés.
Je me tairai : il est trop tard.
gigantesque dans mon regard,
cheveux gris en haut du ciel pur,
elle met au bleu tout l’azur.
(p. 61-62)
https://youtu.be/X7qt3BMX-vk