Nuit d’hiver
extrait 3
Déjà la nuit se lève, fumée de cheminée qui monte,
Déjà la nuit de fer bleue s’approche, portée houleusement
par un airain sonore.
Et comme si le cœur était à tout jamais
arrêté, et qu’autre chose palpitât,
peut-être le paysage, - non, pas le temps qui passe.
Comme si la nuit d’hiver, le ciel d’hiver, le fer d’hiver
étaient l’airain même,
et que la terre fût son battant, la terre forgée, la lourde berceuse.
Et le cœur sa résonance.
Le souvenir d’un timbre retentissant plane. L’esprit l’entend :
l’hiver a frappé une enclume pour ferrer
au firmament la charnière de sa porte battante,
par laquelle tout au long de l’été
le fruit, la lumière, blé et paille se déversaient en abondance.
…
(décembre 1932)
/Traduit du hongrois par Gábor Kardos