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4.39/5 (sur 14 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , 1975
Biographie :

Aude Ceccarelli a grandi entre Tokyo, Marseille et Douala (Cameroun). Après une maîtrise d'histoire et des études commerciales, elle a vécu et travaillé en France, en Italie, en Inde et au Kazakhstan.

Elle a publié deux livres : un récit de voyage ("Kazakhstan, chroniques vagabondes", éditions Olizane, 2017) et un témoignage ("Vingt-neuf semaines et des poussières d’étoiles", Cherche Midi, 2019).

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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
Pourquoi le Kazakhstan ?

- C'est où, exactement, le Kazakhstan ?
- Ah, en Asie centrale. Oui, bien sûr, c'est là où il y a ces magnifiques mosquées bleues.
- Non, là, tu confonds avec l'Ouzbékistan.
- Et le Kazakhstan, alors ? C'est quoi, déjà, la capitale de ce pays ? Ah... Astana, connais pas. Et ils parlent quelle langue, là-bas ?
Des conversations improbables de ce genre-là, tu en as eu à la pelle avec ton entourage. D'ailleurs, toi non plus, avant de partir y vivre, tu ne savais rien de ce pays. En ouvrant un vieil atlas du National Géographie qui trainait chez toi, tu as vu sur des cartes décolorées un pays immense, bien caché en plein milieu du monde : le Kazakhstan. Ton atlas mentionnait encore le nom de la précédente capitale : Alma-Ata.
Pour toi, l'Asie centrale, c'était une région indéfinie au carrefour des mondes, une terre de brassage de plusieurs cultures. Vaguement asiatique, un peu russe aussi. Des images fugaces te renvoyaient à des étendues semi-arides traversées par les caravanes commerciales de la Route de la Soie, des hordes de nomades chevauchant les steppes, des invasions brutales des Turcs, des Mongols, les Cosaques, les Russes, et bien sûr les Soviétiques. C'était très flou, en fait.
Allez, sois franche, avant de partir, tu n'avais jamais entendu parler du Kazakhstan, ni du film Borat (et c'est tant mieux), ni des fusées qu'on lance depuis le cosmodrome de Baïkonour, ni du kumiss, cette boisson qu'on boit les jours de fête.
Une fois sur place, tu te demandes ce que tu fais là. Tout est bizarre ici, il fait -32 degrés en hiver, les villes sentent le pétrole et on déplace les capitales... Et puis il y a eu toutes ces rencontres avec les Kazakhs et après un premier contact plutôt austère, beaucoup d'entre eux ont bien voulu partager avec toi un fragment de leur culture, d'eux-mêmes et de leur histoire. Tu as envie de raconter tout ça.
Comment un pays aussi grand peut-il passer à ce point inaperçu ? Aujourd'hui, grâce au pétrole de la Caspienne et aux gisements d'uranium, on en parle déjà un peu plus, du Kazakhstan. Mais pas beaucoup plus, finalement...
De retour chez toi, le Kazakhstan t'a inspiré ces récits, organisés sous forme d'abécédaire. Tu y parles des villes, des grands espaces, de l'alphabet cyrillique, des fêtes nationales, des montagnes du Tian Shan, de la moiteur du banya et du goût des shashlik.
Pourquoi raconter le Kazakhstan ? Qui ira là-bas ? C'est une destination si peu touristique, et personne ne sait vraiment situer ce pays sur une carte. Toi, tu te dis qu'un pays riche de cent trente nationalités différentes représente autant d'histoires à raconter. Tu en as choisi vingt-six, une pour chaque lettre que compte l'alphabet français.
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Aux autres femmes, à tous, au monde entier, j'ai envie de HURLER ce qui m'est arrivé, qu'on sache ma souffrance de mère, l'innommable que j'ai vécu. Mais je ne dis rien et moi aussi je fais comme si de rien n'était.J'aimerais parler de toi, de ma stupeur d'avoir été contrainte à ce choix, de mon abattement, qui m'assomme, comme ça, à l’improviste, le matin, en milieu et fin d'après-midi, et le soir aussi.J'aimerais qu'on me réconforte, qu'on m'emmène au Spa, qu'on me sorte, qu'on me propose un ciné - ah, il n'y a pas de ciné ici, ben qu'on me propose une virée shopping alors... qu'on me change les idées, quoi...Et puis aussi j'aimerais qu'on me donne des conseils intelligents, pour que j'arrête de penser à tout ça, tout le temps. Des vrais conseils, hein, pas des phrases toutes faites, à l'emporte-pièce, du style :« C'est mieux comme ça. » (Qu'est-ce que t'en sais...)« La nature fait bien les choses. »« Tu vas en faire un troisième, euh pardon, un quatrième ? »« Le boulot va te changer les idées. » (Ah, ça, c'est sûr.)« Heureusement que tu as déjà deux beaux enfants. » (Ma préférée.)
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Anne revit souvent ces courts instants où sa maman passait lui dire au revoir dans sa chambre avant un vol. Un bisou, une caresse sur la joue, un regard, les yeux dans les yeux, et hop ! sa maman disparaissait comme une fée, pour une rotation de plusieurs jours. La petite fille d’alors aimait ces départs juste pour la voir si joliment habillée et maquillée, pour capter l’image de cette femme-là : énergique et déterminée. Belle, aussi, du haut de son tout petit mètre soixante talons compris, ses cheveux bruns courts impeccablement coiffés, ses ongles vernis de rouge foncé ou de rose clair, son teint lisse qui mettait en valeur ses yeux vert-de-gris, et toujours, sa bouche rose-pourpre-beige-rouge-à-lèvres. Tout de suite après son départ, Anne était triste, puis ça passait. Quand elle demandait des nouvelles, Jean-Michel lui répondait, sans plus de détails : « Ta mère est en courrier. »
Jean-Michel, c’est son père. Une carrière à Air France aussi, mais au sol.
En courrier. Une expression pleine d’aventures et de glamour, associée au maquillage soigné, au parfum Guerlain mêlé à celui de la laque, au clic d’une valise qu’on ferme, aux uniformes d’été aux couleurs claires et ceux d’hiver, toujours bleu marine. Bleu marine aussi le sac à main qui contenait des trésors tels que du rouge à lèvres au parfum d’iris ou un passeport bleu tamponné sur toutes les pages. Après le retour de Catherine, ou juste avant son départ, le sac était posé par terre dans l’entrée, à côté de la valise ; Anne et sa sœur avaient l’interdiction d’y toucher. Anne le touchait quand même, bien sûr, et elle se souvient précisément de la sensation du métal froid sous ses doigts quand elle caressait l’insigne argenté avec le logo Air France sur le rabat du sac en cuir. Et la mallette-cabine, bleu marine aussi, avec les manuels d’annonces en plusieurs langues et les instructions de sécurité de l’avion. La profession de Catherine ne consiste pas uniquement à faire des sourires à dix mille pieds d’altitude ; il s’agit aussi d’un métier technique, avec des procédures à respecter, un métier plein de contraintes. Elle vole la nuit, les week-ends et les jours fériés.
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Des voyages en équipage
Ils partent loin pour revenir presque tout de suite après, ils « montent à Roissy » comme d’autres prennent le RER ; ils font un aller-retour à Singapour ou Djibouti comme on va à la station République. Anne a rencontré beaucoup de ces gens, qui lui ont transmis cette énergie — une énergie unique procurée par l’idée même du départ. Parce qu’il en faut, pour se lever à 4 heures du matin. Avec la promesse d’un ailleurs, pas si lointain, finalement, puisqu’on revient chez soi.
Eux, ce sont les navigants d’Air France, des chefs d’escale, des représentants commerciaux dans les filiales à l’étranger.
Jean-Michel, le papa d’Anne, travaille au sol, sa maman vole. Il est basé à la tour Montparnasse, alors que Catherine décolle d’Orly, et de plus en plus souvent de Roissy. Catherine fait une distinction bien nette dans son univers amical, familial et professionnel : il y a les navigants, et les autres qui ne naviguent pas. Sympas, les autres, « même s’ils ne peuvent pas comprendre ce qu’est notre quotidien à nous, et aussi l’immense privilège qu’on a de découvrir le monde, grâce à notre travail ». D’ailleurs, au fil des années, les seules personnes avec lesquelles Catherine a noué des amitiés fortes et exclusives sont des navigantes. Elles ne sont pas des mères de famille comme tout le monde, rencontrées aux sorties d’école, elles ne sont pas des collègues de bureau, elles ne sont pas des femmes d’expatriés croisées dans des cocktails : mais ce sont elles, ses vraies amies.

Elles, ce sont « les copines d’Air France ». Elles disent : on a volé ensemble.
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Tu es le + 1 qui m'a fait comprendre ma vraie chance, celle d'avoir des enfants en bonne santé. Même si ton absence ne se guérit pas comme ça et qu'il y aura toujours dans un coin de ma tête un « pourquoi ? ».
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"Aider l’autre c’est aussi apprendre sur soi-même, évoluer en chemin pour finalement ne conserver que l’essentiel. Il est possible dans une expérience d’accompagnement de saisir avec intensité certains moments d’échange avec son proche, d’accaparer le drôle, le terrifiant, le loufoque.
Dans ce présent irréel et douloureux, qui ne leur projette en apparence qu’un déprimant déclin, pourquoi ne pas accueillir l’étonnante transformation de l’autre et de faire avec ce qui vient, là, maintenant ?"
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Aude Ceccarelli
Ils se souviennent. Il se souvient. Je me souviens maintenant, ça fait du bien de raconter son passé. On se souvient plus du passé, bien mieux que du présent. On se souvient de tout. De tout.
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