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Critiques de Aude Vincent (6)
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Cartographie de Nos Bleus

"Arrête, arrête, ne me touche pas! Je t'en prie, ai pitié de moi." Patrica Carli.



P.Carli n'a jamais parlé de violences, à son encontre. Mais d'entrée, je voulais interpeller les femmes battues, et les autres ( ainsi que les hommes), afin qu'elles réagissent aux violences faites à leur encontre...





Selon l'ONDP en 2017, seulement 14% des femmes portent plainte, pourquoi?

Aude Vincent l'explique très bien, dans ce livre, son premier roman:



1/ La peur des coups.

2/ La peur de ne pas être comprise ou écoutée...

3/ La dépendance financière.

4/ Les enfants.

5/ L'amour( il va changer, car il revient avec des cadeaux, en s'excusant, en sanglotant, en menaçant de se suicider...)





Car ces "hommes", ces individus violents, ces odieux personnages utilisent tous les moyens, physiques et mentaux, afin de rabaisser la femme...

Beaucoup de ces monstres n'hésitent pas à tuer, car ils se croient dans leur droit, dans une société encore patriarcale...

De plus," 1/3 d'entre eux continuent d'agresser leur ex, après la rupture."





Aude Vincent tisse des liens entre plusieurs destins de femmes (Marion, Alice, Morrigan et Fatiha...) lors de leurs rencontres, dans une association de lutte contre les violences conjugales faites aux femmes, afin qu'elles sortent du cycle infernal...





C'est très bien écrit, c'est beau et intelligent, avec des références à la loi Naquet et d'autres, plus des titres de livres, comme "Frapper n'est pas aimer" de Natacha Henry (...si une femme dit qu'elle a peur, il faut la croire. Surtout, ne pas minimiser)...





De jolis poèmes illustrent ce beau livre, avec des adresses d'associations et de contacts utiles.



Je parlais d'une chanteuse, au début, mais vous souvenez sans doute de Whitney Houston, de Tina Turner, et d'autres célébrités battues par leur époux? Et bien d'autres, des anonymes...





Muriel Robin, qui a incarné Jacqueline Sauvage, (cette dame qui tua son mari, de peur qu'il ne la tue...) a poussé un grand cri de révolte, que personne n'a jamais vraiment ... entendu?





Un grand merci, à Babelio, aux Éditions du ruisseau intrépide, et à Aude Vincent.
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Pupitres de la nation

Qui n'a pas écrit sur sa table d'école ? Bien sûr à l'époque où elles étaient encore en bois. Les élèves écrivaient sur le mobilier scolaire ce qu'ils écrivent aujourd'hui sur les réseaux sociaux : les profs, les doutes, les amours, le sexe, la révolte, la politique. Des messages qui peuvent être inquiétants ou pleins d'humour, certains volent haut d'autre bas. Beaucoup de photos en noir et blanc des graffitis sur les pupitres. Qu'elle idée amusante et inattendue que d'avoir décortiqué ces messages et d'en faire une analyse !
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Cartographie de Nos Bleus

En France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon. Derrière cette statistique, au-delà des chiffres qui alertent, il y a une réalité de violences quotidiennes pour de nombreuses femmes. Surtout, il y a des noms de femmes qui souffrent : Morrigan, Marion, Alice, Fatiha…

« J’ai simplement peur de mourir » dit Morrigan au milieu du livre, résumant en une phrase toute simple l’horreur d’une violence banalisée.

L’histoire de leur quotidien prend le lecteur aux tripes. Présenté comme un roman, ce récit est bien plus que cela, car on imagine la réalité et les visages derrière le texte. Plusieurs fois j’ai fait des pauses dans cette lecture qui coupe le souffle, tendue par des passages qui sont des litanies de l’horreur :

« Cheveux arrachés, coquard, œil au beurre noir, pommette gonflée, joue déchirée sur plusieurs centimètres, coups à l’oreille (pas de trace visible), tympan foutu (perforé), lèvre fendue, dent perdue, mâchoire brisée, cicatrice au menton, traces d’étranglement sur le cou, coup à l’épaule (pas de trace encore), épaule démise, bleus dans le dos, bras tordu, bleus sur le bras, bras cassé, griffures, poignet cassé, poignet tordu, entorse au doigt, rhumatisme dans un petit doigt cassé, hématome sur les côtes, coup au ventre (pas de trace), fausse couche, utérus explosé, foie détruit, brûlure à la cuisse (cigarette), d’autres fractures, une brûlure de cigarette encore, d’autres bleus, d’autres brûlures. »

Et puis il y a ces poèmes de Pat Lowther (que je ne connaissais pas), dont on imagine au départ qu’ils vont apporter un peu de douceur, mais qui sont des témoignages de la même violence (elle-même a été tuée par son mari dans d’atroces conditions).

Un livre fort et percutant, documenté, engagé (jusque dans l’utilisation de l’écriture inclusive, encore assez rare dans les récits), qui met chaque lecteur devant ses responsabilités : ne pas subir, ne pas laisser faire. A travers l’association qui accompagne ces femmes, la parole retrouve une force bien plus importante que celle des poings.
Lien : http://selectrice.fr
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Contre les publicités sexistes

« La publicité est un vecteur puissant de la circulation des stéréotypes sexistes. Le publisexisme, c’est l’ensemble des images commerciales exposées dans l’espace public qui exploitent les clichés sexistes, les stéréotypes de la virilité et de la féminité, ou qui présentent l’hétérosexualité comme ”naturelle” par rapport aux autres orientations sexuelles. »



La publicité est intimement liée à la marchandise, matérialisation des besoins individualisés sous le capitalisme. Qu’importe alors si ces besoins sont réels, potentiels, artificiels, abordables ou fantasmagoriques. La publicité peut donc être relié à la théorie du fétichisme de la marchandise. Mais cette dimension, non traitée par les auteures, ne saurait à elle seule suffire à expliquer les mécanismes de prolifération de la publicité.



La publicité fonctionne aussi sur l’illusion, le rêve et la frustration, et pour se faire, s’empare des « normes » de fonctionnement des rapports sociaux, dont ceux de sexe (système de genre, patriarcat). La publicité est sexuée ; elle utilise la construction asymétrique de genre et ses normes, les remodèle, pour son objet, et les renforce. Cela est d’autant plus facile que la publicité simplifie la complexité, réduit l’être humain à la cliente ou au client, à une fonction de consommatrice/consommateur.



Le livre est divisé en cinq parties :



« Pourquoi s’attaquer à la publicité ? ». Sophie Pietrucci, Chris Vientiane et Aude Vincent examinent le système de la publicité, sa présence envahissante, ses images, à juste titre caractérisées comme politiques, les formatages des désirs. Elles montrent le caractère sexiste de la publicité



« Le publisexisme : l’image des femmes ». Les auteures analysent les stéréotypes de la Beauté (« Au travail de la beauté , tu te plieras », « Jeune tu resteras », « La minceur tu cultiveras », « Lisse tu seras ». Puis elles étudient comment la publicité utilise les femmes et leurs corps « Les femmes qui s’offrent » à travers l’utilisation du nu, de la disponibilité, des codes du porno. Sophie Pietrucci, Chris Vientiane et Aude Vincent déconstruisent d’une part « L’humour misogyne », la réduction des femmes aux « bavardes, dépensières, idiotes » ou « dominatrices », et d’autre part la place du foyer comme ”destin naturel”, avec son cortège de ménagères épanouies, de mères parfaites, de familles harmonieuses. « La publicité renforce donc les préjugés sexistes qui veulent que ce soit la mère et uniquement elle, qui ait la charge et la responsabilité des enfants (en bas âge ou plus grands). Elle glorifie l’instinct maternel, dont on sait à quel point il est construit socialement, et présente la relation entre la mère et l’enfant comme une relation où les hommes sont exclus. Indirectement, elle encourage les pères à se décharger de cette fonction parentale sur les mères, en toute bonne conscience, puisque ce serait une histoire de ”nature”… » Les auteures analysent aussi l’utilisation par la publicité des images des femmes comme « victimes passives » ou « proies sexuelles ».Elles concluent cette partie en mettant l’accent sur deux autres dimensions : les fantasmes racistes et l’éternel, mais néanmoins inventé, mystère féminin.



« Le publisexisme : d’autres clichés sexistes ». Les auteures soulignent les différences importantes entre la femme-publicité et l’homme-publicité et que « ce sont les femmes-publicité qui déclenchent le désir masculin » ou lors de l’utilisation de « genres non conformes ».



« Les effets du publisexisme ». La publicité peut-être assimilée à une campagne agressive permanente, un flux d’images, un martèlement de visions sexistes. Un des premiers effets et/ou une de ses premières causes est la négation de « l’oppression sociale des hommes sur les femmes ». Sophie Pietrucci, Chris Vientiane et Aude Vincent insiste sur une dimension, souvent omise : la vision sexiste martelé par la publicité « finit par apparaître non plus comme une opinion mais comme une ”vérité”. » Les auteures développent autour du thème de « la dictature de l’apparence » (marché de la Beauté, la Beauté facteur d’exclusion « Le culte de l’apparence et l’idéologie de la Beauté produisent de la culpabilité et une forme de honte vis-à-vis de son propre corps qui est un ferment idéal pour le manque de confiance en soi »). Elles poursuivent sur l’aliénation de soi (la guerre contre son corps), la domination des autres ou le fondement politique de l’oppression des femmes par les hommes. Elles détaillent, dans la publicité, l’idéalisation de la famille, le mode imposé de sexualité, la place du porno, la sexualisation des plus jeunes, le climat de mépris, la violence « Comme l’ensemble de la culture sexiste, il entretient aussi des mythes concernant la violence sexiste : ”l’homme violent a perdu le contrôle”, ”l’homme n’avait pas la volonté de faire mal”, « cela n’est pas grave”, ”la femme l’a cherché”. Ces idées préconçues sont dangereuses car elles permettent aux hommes auteurs de violence de dénier toute responsabilité de leur acte, à leurs propres yeux et aux yeux des autres » ou « L’érotisation de l’agression sexuelle fait passer deux croyances perverses : une femme que l’on force peut finir par y prendre plaisir, et le ressenti de la femme agressée n’a pas d’importance ».



« Lutter contre le publisexisme ». La publicité n’est ni neutre ni sans conséquences. « L’une des caractéristiques du publisexisme est bien d’offrir au regard de tous des femmes qui s’exhibent comme des marchandises à posséder ». Il convient donc d’en limiter la diffusion mais aussi d’agir en permanence pour en dénoncer les effets, faire reculer les publicitaires dans leur volonté de banaliser l’infâme, atteindre les sociétés par leur image de marque en refusant les thématiques sexistes, homophobes et racistes. Cela consiste aussi « à briser ce système d’images partout où on le voit sévir, à en démystifier les séductions, et pour commencer, à en cesser l’absorption ». Les auteures décrivent certaines luttes sur ce sujet et leurs effets non négligeables, même si trop ponctuels.



« L’émancipation, c’est aussi, à terme, parvenir à se libérer des stéréotypes, déconstruire la notion de Beauté, le modèle du couple idéal, les pratiques et les imaginaires liés à l’érotisme patriarcal (hiérarchie actif/passif, focalisation sur le plaisir génital et le coït, performance de l’orgasme, le plaisir comme un dû, etc.). C’est démonter systématiquement les mythes qui entourent le viol et la violence. C’est combattre la crédulité et l’ignorance pour inciter à renoncer à courir après des promesses miraculeuses. C’est donner plus d’importance à l’estime de soi qu’à la conformité à la norme, et aux relations égalitaires plutôt qu’à la concurrence et à la compétition. C’est apprendre à respecter son propre corps et le corps des autres comme une base élémentaire de relations égalitaires et solidaires. Ce qui peut contrer l’influence des publicités sexistes, c’est tout ce qui peut ouvrir des espaces d’action féministe, qui apprend aux garçons et aux filles à s’accepter semblables et égaux et non comme fondamentalement différents et pris obligatoirement dans un rapport de domination »



Le poids de la publicité a quelque chose à voir aussi, me semble -t-il, avec la perte d’espérance, la difficulté à rendre tangible une alternative d’émancipation, dont les dimensions concrètes et immédiates, pourraient desserrer les étaux de la marchandise, de la frustration, des normes telles qu’elles imposent. Ce livre et plus généralement la dénonciation du sexisme par un mouvement d’auto-organisation de femmes y contribuerait indéniablement.



Un livre dont certaines parties entrent en résonance avec le récent ouvrage de Mona Chollet : Beauté fatale. Les nouveaux visages d’une aliénation féminine (Zones, Paris 2012). Je rappelle chez le même éditeur : Contre les jouets sexistes (collectif)
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Cartographie de Nos Bleus

Certaines lectures brisent le cœur et il est bien difficile de parler de nos ressentis.

Cette histoire traite des violences conjugales et les mots me manquent...

(La thématique abordée ici n'est pas un spoil puisqu'il s'agit des premiers mots écrits sur la quatrième de couverture.)



Le titre "Cartographie de nos bleus" fait donc référence à des blessures. C'est incroyablement bien trouvé.

L'auteure nous présente plusieurs parcours de femmes. Chacune a une situation différente. Certaines sont mariées. Certaines ont des enfants. Toutes sont sous l'emprise. Toutes ont peur. Toutes sont victimes de maltraitance.



Ce livre va répondre à plusieurs questions que l'on peut se poser sur cette thématique délicate. Pourquoi les victimes ne partent pas ? Comment peut-on venir en aide à des victimes de violences conjugales ? Que prévoit la loi ? Quelles sont les aides pour les victimes ?



À travers les personnages de l'histoire, l'auteure va montrer les positions complexes dans lesquelles peuvent se trouver les victimes. On ressent le sentiment d'impuissance de ces femmes. On ressent la souffrance de ces femmes. Ce livre aide à comprendre les victimes de violences, souvent incomprises des personnes extérieures à cet enfer.



Comment réagir si on se retrouve témoin d'une scène de violences ? L'auteure insiste sur l'importance de venir en aide à la victime. Et si l'on n'ose pas intervenir, il faut absolument demander une aide extérieure. Aussi, l'auteure met en lumière des associations de soutien et des groupes de paroles.



J'ai énormément appris sur les violences conjugales et sur les lois.

Avant cette lecture, je ne connaissais pas la roue du pouvoir et du contrôle. J'ai été interpellé d'apprendre que le divorce est rétabli en France depuis 1884 seulement. C'est remarquablement documenté. On y trouve plusieurs références littéraires sur le sujet.



Brutal, extrêmement dur, mais bien réel, ce livre m'a marqué. J'ai eu du mal à lire certains passages qui font mal au cœur. Des pauses pendant ma lecture étaient nécessaires tant les émotions que j'ai pu ressentir étaient intenses et douloureuses.

On n'en ressort pas indemne, mais c'est si important d'en parler et de dénoncer ces violences.



Malgré la thématique, l'auteure transmet un message d'espoir, l'espoir de se reconstruire.



Aude Vincent présente un récit bouleversant et terrifiant, mais très juste.

Ce n'est pas une lecture facile à lire, loin de là, mais je vous la recommande fortement, si vous avez le cœur bien accroché.
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Cartographie de Nos Bleus

Un livre magnifiquement bien écrit, un livre incroyablement fort et d'une puissance. L'écriture de l'auteur est fluide, forte et poignante mais aussi enivrante et déchirante. Il est très bien documenté, l'auteur fait aussi beaucoup de rappel aux lois comment elles ont évoluées mais aussi comment elles sont constitués, il fait notamment référence à la loi Naquet. Mais on y retrouve aussi des titres de livres qui traitent également de violences conjugales faite aux femmes comme par exemple "Frapper n'est pas aime" de Natacha Henry.



Le roman ce découpe entre plusieurs personnages (Marion,Alice, Morrigan, Fatiha, Rose, Pat...) qui vont se rencontrer et tisser dans liens au seins d'une association pour les femmes victimes de violences afin de libérer leurs paroles mais aussi afin de sortie de cercle infernale. Pour partager leur quotidien et leur vécu, mais aussi parce que ces mêmes femmes ont vécu la même chose et elles se comprennent mieux que quiconque, elles vont s'épauler et se soutenir.



Un livre bouleversant que tout le monde devrait lire (homme ou femme), un livre qui montre qu'il n'est pas toujours facile de pouvoir partir, qu'il ne suffit pas juste de le vouloir pour arriver à partir. Que la peur est présente de plus en plus, la peur des représailles pour elle ou pour les enfants, la peur qu'il la retrouve. Les hommes violents ont une véritable emprise sur leur femme / conjointe / ex-femme ou petite-amie, ils ont une telle emprise que certaines n'arriveront jamais réellement partir, ça a été le cas pour Pat Lowther qui avait réussi à partir mais qui est revenue ou qui avait réussi à mettre a la porte son conjoint, il y a toujours une raison valable pour qu'elles reviennent comme trouver nulle part ou dormir avec des enfants ou bien les menaces, l'harcèlement, les menaces de suicide et j'en passe.



Un livre poignant que je ne suis pas prête d'oublier, un livre qui m'a marqué et appris plein de choses sur ce sujet dont on parle si peu, un livre a avoir chez soi. Je vous le recommande vivement
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