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Citation de mamansand72


Le prof a fini par répondre, la regardait droit, pas méchant : triste, mais pas triste pour lui, triste pour elle, genre condoléances. Il a avalé sa salive.
Non, je ne suis pas juif, je pleure juste parce que je suis français, n’est-ce pas, quand comme ça si horriblement on meurt en France je pleure, quand on meurt en France comme ça sous des mains françaises je pleure, je pleure, et alors oui je suis juif, je suis juif ou autre chose, ou tout ce que vous voulez, alors je suis de ceux qui meurent parce que je suis français, vous comprenez, n’est-ce pas, j’espère que vous comprenez, il faut absolument que vous compreniez ça.
Sa phrase longue elle a atterri avec une voix vraiment douce et tremblante, de nouveau c’était plus le prof qui parlait, c’était comme un secret super important, c’était comme un bout du cœur intime de sa vie qu’il leur confiait.
Il les a tous regardés.
Je suis sûr que vous comprenez.
Selima savait plus où se foutre, Léonie non plus, et aucun élève en fait. On sentait que la classe voulait maintenant juste prendre le prof dans ses bras.
Un enfant qui meurt est un enfant qui meurt, il a dit. C’est un vers d’une chanson, vous savez ? Mais personne savait, personne connaissait la chanson, il a pas osé chanter, il pouvait pas, ses yeux seraient redevenus deux grosses gouttes d’eau.
Il a attendu un peu. Là, Selima a rien dit.
C’était y a pas un siècle, et déjà ça recommence, vous comprenez, n’est-ce pas ?
Un long silence, mais un peu, un tout petit peu plus chaud, un silence un peu, un tout petit peu plus humain, un petit peu plus un silence d’homme, ils ont senti ça autour d’eux.
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