Aurore Roussel

Une nouvelle fois, un dilemme se forme dans ma tête, céder à la tentation qui se fait plus grande à refouler.
Penser à mon bonheur et avancer sur le chemin pour parvenir à le trouver ou continuer à me cacher derrière cette peur qui me vrille l'estomac depuis longtemps et finir vieille fille avec une cinquantaine de chats dans un appartement deux pièces.

Nos langues se cherchent, notre baiser devient plus langoureux et intense. Je sens sa respiration et son cœur s’accélérer, je suis moi-même à bout de souffle lorsque je me recule et pose ma main sur son cœur.

Mon cœur bat la chamade, pourtant, il n’y a eu qu’un effleurement sur mon bras et un baiser échangé, puis je me suis réveillée à cause des frissons que mon corps a ressentis.
Je me suis rendormie sans savoir la fin, c’est assez frustrant, j’aurais bien aimé connaître le déroulement de la soirée même si ce n’était qu’un rêve.
Je divague complètement maintenant, je me fais des films, ce n’était qu’un baiser sur la joue.

Des yeux bleu turquoise. Je me suis plongée dans son regard une fois et je dois vous avouer que ça m’a déstabilisée sur le moment. Son regard peut être doux, mais tellement intense. Un visage carré avec un nez fin, des pommettes bien dessinées et un sourire ravageur. Il est sportif vu qu’il court régulièrement. Il a une belle paire de fesses musclées. Des abdominaux à se damner (oui, j’avoue que je me suis rincé l’œil une ou deux fois), des biceps et des pectoraux bien dessinés si j’en crois les pantalons taille basse et les maillots moulants qu’il porte. Ça le rend très viril et je rêve de poser mes mains sur son corps et voir s’il est aussi ferme qu’il n’y paraît.

Savoir l’effet que je lui fais me procure une satisfaction qui m’étonne moi-même, mais qui n’est pas déplaisante, bien au contraire elle me galvanise et me cause une chaleur qui me réchauffe le corps. Je n’ai jamais ressenti une fierté pareille.
J’ai rarement pu constater l’effet que je pouvais procurer aux hommes. Pour cause, je n’ai connu qu’une personne avec qui je suis resté quelque temps et les autres, rien de très sérieux, la plupart ayant fui en voyant la légère cicatrice qui barre mon cœur.
Mon esprit se met à divaguer jusqu’à me faire revivre un souvenir douloureux.

— Si j’avais su que j’allais te bouleverser comme ça, j’aurais fermé ma bouche.
— Ce n’est pas de ta faute, cette blessure n’est pas guérie totalement et je ne suis pas sûre qu’elle le soit un jour.

Comme une gamine, elle me tire la langue, nous éclatons de rire en chœur. Je m’empare de la chantilly et en verse sur le mien, puis le porte à ma bouche. Éléana met sa main sous la mienne et me l’aplatit contre le visage. Elle éclate de rire à nouveau. Mon Dieu, ce que j’aime ce son !
Je la regarde avec un sourire. Il ne lui en faut pas plus pour comprendre ce qui me traverse la tête. Dans un geste rapide, elle tente de s’emparer de la bombe, mais je suis plus vif. Je jubile, la bataille peut commencer.

Mon corps est en plein bouleversement émotionnel, c’est comme si tout était détraqué chez moi et que je n’avais plus la maîtrise de moi-même, de mes sentiments, de mes émotions. Tout cela me chamboule et me ravit à la fois. J’ai l’impression que mon cœur peut ressentir à nouveau quelque chose pour un homme que je commence à apprécier.
Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là à ressasser, mais mon ventre crie famine. Je suis presque sûr qu’Éden l’aurait entendu de son appartement s’il était là.

J’étais dans une sorte de transe où tout s’est mélangé, le passé comme le présent. Ma crise d’angoisse a été d’une intensité que certains morceaux m’ont paru plus réels que jamais. C’était comme si j’étais retournée dans le passé et que je revivais cet enfer une deuxième fois et, si Éden n’était pas intervenu aussi vite, je me serais sans doute retrouvée à l’hôpital pour un moment, car tous mes membres étaient parcourus de fourmillements et se paralysaient au fur et à mesure que la crise s’intensifiait.

Elle a les cheveux châtains qui brillent comme si le soleil se reflétait à travers et ils ondulent en descendant jusqu’à la chute de ses reins. J’y mettrais bien les mains, on dirait de la soie. Elle possède de grands yeux bleu clair pétillants d’intelligence avec de longs cils épais. Elle n’a pas besoin de les maquiller, une peau claire, un visage lumineux et une bouche en cœur bien dessinée. Elle a une voix mélodieuse, douce et sensuelle et de jolies fossettes lorsqu’elle sourit.