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Quelle héroïne, issue de la mythologie grecque est devenue un personnage de tragédie qui incarne le pouvoir de dire "Non" et que chaque époque se charge d'interpréter ?
« Antigone » de Jean Anouilh c'est à lire aux éditions de la Table Ronde.
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Comprendre... Vous n'avez que ce mot-là dans la bouche, tous, depuis que je suis toute petite. Il fallait comprendre qu'on ne peut pas toucher à l'eau, à la belle et fuyante eau froide parce que cela mouille les dalles, à la terre parce que cela tache les robes. Il fallait comprendre qu'on ne doit pas manger tout à la fois, donner tout ce qu'on a dans ses poches au mendiant qu'on rencontre, courir, courir dans le vent jusqu'à ce qu'on tombe par terre et boire quand on a chaud et se baigner quand il est trop tôt ou trop tard, mais pas juste quand on en a envie ! Comprendre. Toujours comprendre. Moi, je ne veux pas comprendre. Je comprendrai quand je serai vieille. (Elle achève doucement.) Si je deviens vieille. Pas maintenant. "
Vous me dégoutez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu'ils trouvent. Et cette petite chance pour tous les jours, si on n'est pas trop exigeant. Moi, je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d'un petit morceau si j'ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd'hui et que cela soit aussi beau que quand j'étais petite ou mourir !
La vie n'est pas ce que tu crois. C'est une eau que les jeunes gens laissent couler sans savoir, entre leurs doigts ouverts. Ferme tes mains, ferme tes mains, vite. Retiens-là. Tu verras, cela deviendra une petite chose dure et simple qu'on grignotte assis au soleil.
La vie c'est un livre qu'on aime, c'est un enfant qui joue à vos pieds, un outil qu'on tient bien dans sa main, un banc pour se reposer le soir devant sa maison.
(Antigone).
Il y a des fois où il ne faut pas trop réfléchir.
[...] la vie c'est un livre qu'on aime, c'est un enfant qui joue à vos pieds, un outil qu'on tient bien dans sa main, un banc pour se reposer le soir devant sa maison.
C'est bon pour les hommes de croire aux idées et de mourir pour elles.
(N. B. : Tiens, ça me rappelle une chanson de Brassens...)
On a presque toujours quelque chose de mieux à faire que de mourir.
C'est très joli, la vie. Mais cela a un inconvénient, c'est qu'il faut la vivre.
ANTIGONE
Je ne me moque pas. Cela me rassure ce matin, que tu sois belle. Quand j'étais petite, j'étais si malheureuse, tu te souviens ? Je te barbouillais de terre, je te mettais des vers dans le cou. Une fois, je t'ai attachée à un arbre et je t'ai coupé tes cheveux, tes beaux cheveux… (Elle caresse les cheveux d'Ismène) Comme cela doit être facile de ne pas penser de bêtises avec toutes ces belles mèches lisses et bien ordonnées autour de la tête !
ISMÈNE, soudain.
Pourquoi parles-tu d'autre chose ?
ANTIGONE, doucement, sans cesser de lui caresser les cheveux.
Je ne parle pas d'autre chose…
ISMÈNE
Tu sais, j'ai bien pensé, Antigone.
ANTIGONE
Oui.
ISMÈNE
J'ai bien pensé toute la nuit. Tu es folle.
ANTIGONE
Oui.