Se rendre disponible à l’émotion esthétique m’apparait essentiel à l’épanouissement d’une vie authentiquement humaine. Dans mon cas, c’est même une exigence vitale, comme l’aspiration au bonheur. Il n’y a pas de bonheur sans beauté. Le beau n’est pas un attribut propre des objets, des spectacles ou des images mentales, il est conféré par celui qui les perçoit tels. Cela explique la relation étroite entre marche et beauté. Les critères esthétiques jouent un rôle déterminant dans le choix de l’itinéraire d’un marcheur. La marche parvient aussi par sa propre vertu à décupler l’émotion esthétique ressentie. La vue des sommets enneigés qui pointent au-dessus d’une mer de nuages au soleil encore rasant, l’embrasement d’un coucher de soleil de gloire, la renaissance d’un monde prometteur et clair lorsque Phébus sort des eaux à l’aube fraîche, sont superbes, toujours. (p. 121-122)