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Citation de enkidu_


Le libéralisme se veut la philosophie de la liberté absolue : liberté d'entreprendre, liberté de faire circuler les capitaux et les marchandises, liberté de réaliser ses ambitions, liberté d'abattre les frontières, les barrières, les murs et les entraves en tout genre. La brochure est tentante. Mais attention au piège : les photos ont été retouchées, et le texte a été rédigé par des spécialistes de la communication qui vendraient leur mère avec talent. La réalité est tout autre. Dans un système économique libéral, la liberté de quelques-uns s'applique au détriment de celle de tous les autres. Non seulement le néolibéralisme ne peut permettre la liberté de tous, mais en plus il a besoin d'esclaves pour survivre et se développer.

La première contrainte imposée par le libéralisme économique allié au capitalisme est celle du travail. Chacun d'entre nous, à moins d'être né dans une famille particulièrement aisée, est obligé de trouver un emploi pour vivre. Cette contrainte est loin d'être anecdotique. Dans une société du plein emploi telle que celle des trente glorieuses, la nécessité de travailler est compensée par le choix laissé au citoyen : si l'emploi occupé ennuie, si les conditions de travail ne conviennent pas ou si le chef déplaît, le travailleur est libre de quitter le job en question pour en trouver un autre. Dans une situation de crise économique et de chômage de masse, lorsque même les gens diplômés et expérimentés ne trouvent pas d'entreprise qui veuille les embaucher, le travailleur est privé de toute marge de manœuvre et n'a le choix de rien. Il n'est pas libre. Il prend le boulot qui vient, et il s'accroche ensuite pour le garder en se soumettant aux volontés de l'employeur. Sous peine de sanction, il est obligé de se taire face à des supérieurs injustes ou incompétents. Il est par ailleurs contraint d'accepter des conditions contractuelles et salariales défavorables. C'est exactement ce qui se passe depuis plus de trente ans avec la logique néolibérale qui détricote peu à peu les droits du salarié pour ramener celui-ci au rang d'esclave corvéable à merci, comme nous l'avons vu dans un chapitre précédent. Les patrons – laissons de côté les artisans et les dirigeants de toutes petites entreprises, au statut différent – ne cessent de brandir leur propre droit à la liberté : liberté de licencier, liberté d'augmenter la charge de travail des salariés, liberté d'alléger les contrôles sanitaires, liberté d'augmenter la part des bénéfices reversée aux dirigeants et aux actionnaires, liberté de payer le moins d'impôts possible. Sauf que évidemment, chacune de ces libertés ne s'obtient qu'au détriment des libertés des salariés, priés d'être manipulables à souhait ce qui, en langage diplomatique de l'économie moderne, se traduit par « flexibles ».
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