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Citation de cjozroland


P 185 – dans cette autre conception des relations aux animaux, on vit mieux avec eux de les influencer dans leur vitalité intacte, plutôt que de les affaiblir pour les contrôler. J’appelle « paradoxe de Stépanoff », ici appliqué à la cohabitation avec le vivant en soi, l’idée étrange que, pour domestiquer les désirs les plus farouches, c’est-à-dire vivre bien avec eux et par eux, il faut les maintenir à l’état sauvage.
La morale du cocher repose sur l’erreur originelle de croire que nos désirs intérieurs sont des bêtes déficientes qui exigent une action directe positive, c’est-à-dire d’être dévitalisées puis contrôlées de boute ne bout. L’erreur intrinsèque de la morale du cocher revient à ce postulat qu’il faudrait dévitaliser la vie désirante pour être vertueux : la « réduire à la médiocrité où la vertu des demande ».
C’est là que l’intuition de Spinoza concernant la nature humaine prend toute son ampleur. Nous sommes intrinsèquement faits de désir. Le désir n’est pas un manque, c’est une puissance – la puissance par laquelle nous persévérons dans l’existence : « le désir est l’essence de l’homme (…). » conséquemment, mater les passions et désirs, c’est affaiblir la seule force vitale avec laquelle on est susceptible d’avancer dans la vie. Ce que Spinoza a vu, c’est que nous ne sommes que du désir : c’est l’intensification de la vitalité joyeuse et sage de désir, au détriment de la tristesse morbide, qui fait la vertu, et devient le nom de la sagesse. Cette vivification des désirs joyeux exige un autre rapport aux passions en soi, un rapport que j’appellerai « diplomatique ».
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