Je reposais alors la lettre et sortais une carte pour rédiger une brève réponse. J'imaginais son destinataire recevoir l'enveloppe officielle de la Maison Blanche, l'ouvrir, l'air perplexe, puis se mettre à sourire. Il la montrerait à sa famille, l'emporterait même peut-être à son travail. La lettre finirait dans un tiroir, quelque part, oubliée sous l'accumulation de joies et de peines qui constitue une vie. C'était normal. Je ne pouvais pas m'attendre à ce que les gens comprennent combien leurs voix comptaient pour moi, que c'était grâce à elles que j'avais tenu bon et réussi à repousser les doutes qui s'insinuaient en ces tardives soirées solitaires.