Comment vous appelez le fait que je devine qu’un soldat va se déplacer alors qu’il ne le sait pas encore lui-même ? Que je pressens dans quelle direction il va aller alors qu’il n’a rien décidé ? Ce n’est pas de la voyance ça ? Je pense que c’est pareil pour cette artiste.
— Rappelez-moi son nom.
— Nedjma Merbah.
— Que savez-vous d’elle ?
— C’est une femme d’origine algérienne, formée à Londres. Pas le genre prophétesse, d’après Bohémond.
— Elle expose où ?
— Elle sera à la Biennale de Venise, dans la fondation François Pinault.
— Alors il n’y a aucun risque. Des installations provocantes comme celles-ci, il y en aura des centaines à Venise. Leur audience est infime, elles ne sortent pas du cercle des collectionneurs et des catalogues d’art.
— Il y a le risque que les médias s’y intéressent.
— Et après ? Dans quinze jours, elle sera oubliée.
— Et si les médias faisaient de l’artiste un devin malgré elle ?
— Non, c’est toujours après coup que l’on remarque qu’un artiste avait prédit un événement. L’événement a lieu, on se souvient qu’une œuvre en avait parlé. On donne alors à l’œuvre une portée qu’elle n’avait pas avant l’événement.
— Malheureusement, notre client ne pense pas comme vous. Il craint la