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Citation de Partemps


En 1998, le plan est rose et la Fontaine a disparu. Un petit rectangle bleu perdu au milieu d’un vert tendre révèle l’unique point d’eau de ce quartier : l’"Olympic Swimming Pool" signale désormais sa présence en anglais. Eau javellisée sur fond de mosaïque turquoise. Les médailles ont remplacé les offrandes, les athlètes ont pris la place des Nymphes - et les gradins celle du platane et de l’arbuste de chasteté... Quant au nom de "Kallirrois", il s’est coulé en lettres noires sur le jaune vif d’une longue avenue. Plus de pont, plus de gué, plus de seuil. L’avenue serpente, au-dessus de la rivière invisible, épousant ses méandres, sur plus de quinze stades à partir de la Fontaine engloutie - trois kilomètres tout en courbes, bordés d’immeubles roses, contournant l’Acropole, jusqu’au moment où l’eau triomphe et se retrouve enfin à l’air libre, où le "Potamos Ilissos" reprend son nom et sa couleur bleue, au nord du Quartier "Kallithea" - Quartier "Bellevue"... Il lui reste si peu de temps à vivre, si peu de mètres à parcourir avant de se fondre dans la mer. Je n’ose pas compter. La rivière est là. Elle existe. Cela me suffit.

Un an après cette matinée "divine" passée au bord de l’Ilissos, Hölderlin adressait à Schiller un fragment de son Hypérion. "Un matériau à l’état brut", qui paraîtra dans la revue Thalia. On y découvre deux jeunes gens, Adamas et Hypérion, se promenant "sous les platanes et les myrtes" sur la rive du Mélès. Le Mélès est le fleuve d’Homère. Le Mélès est l’Ilissos de Smyrne. Le myrte n’est pas un gattilier, mais peu s’en faut. Ses fleurs sont toujours blanches, et sa senteur "caractéristique". "Caractéristique" n’est pas tout à fait "agréable". Pas plus que le gattilier, le myrte ne pousse à Tübingen. Dans la ville d’Homère, comme au bord du Neckar, les saisons se succèdent. Hypérion n’a plus qu’un seul désir : "se retrancher du monde des vivants... et méditer sur les vénérables sentences qu’enfanta le profond génie de la Grèce." On dirait une lettre à Neuffer. Hölderlin et ses Grecs... Qui parle ? Et d’où parle-t-on ? L’air est doux. L’ermite sort de sa retraite : Hypérion choisit une "tranquille journée d’automne" pour se diriger vers un "bosquet", qui lui a toujours été "sacré". Un endroit familier. Il le décrit avec simplicité : "un lieu encerclé de platanes, d’où l’on aperçoit la mer au-delà des rochers du rivage". Où suis-je ? A quoi peut bien ressembler un bois de platanes au bord de la mer ? Tout est à recommencer.
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