De même qu’enfant, j’étouffais ma toux et qu’elle finissait cependant par éclater, affreuse, devant ma mère, de même, aujourd’hui, la conversion, longtemps retenue, rompait les digues. Barny avait une attaque. J’étais victime d’un mal aussi grave que l’aliénation mentale. Pourtant, mes facultés demeuraient intactes. J’assistais, je procédais à mon inhumation. J’essayai de trouver quelque appui dans la parole de Claudel : "Ce n’est pas l’affaire de l’estomac de comprendre la nourriture, mais de la digérer". Il y a des chrétiens heureux, qui mènent une vie normale, me dis-je. Mais je restai insensible à mes consolations : entrer dans l’Eglise, c’était m’emmurer vive. Accablée de honte, je me souvins d’une phrase entendue autrefois : "Il n’y a plus que des invertis ou des convertis".