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Citation de Huginnbooks


Tocqueville* met en garde contre le fait que la passion des choses matérielles ne suffit pas à produire la paix publique : Le bien-être acquis par les classes moyennes à la fin du 19ème siècle fut le fait d’individus qui s’étaient battus pour plus d’égalité et pour une répartition plus équitable du confort matériel. Or le bien-être n’incite pas au combat ; il anesthésie et l’on finit par ne plus se soucier que de la préservation de ce petit confort, en oubliant qu’il est issu d’une lutte et de l’expression d’une liberté. Quand on jouit du bien-être, c’est la peur d’être troublé qui devient dérangeante.
Cette peur est pour Tocqueville dangereuse car elle ne peut que renforcer le désir d’un gouvernement autoritaire, seul apte à maintenir cet ordre de répartition des biens matériels. Autrement dit, l’individu est prêt à abdiquer sa liberté pour pouvoir jouir de son confort. Et c’est en cela que le bien-être est une aspiration dévorante et anesthésiante. Il conduit à une restriction de l’espace-temps qui a d’indéniables conséquences politiques. Comment penser le vivre-ensemble quand on est tout affairé à son petit moi ? On pousse l’individu à se recroqueviller sur lui-même loin de toute perspective d’hospitalité. Grâce à l’idéologie du bien-être, l’espace public a tendance à se restreindre pour se limiter à la sphère sensorielle, et se termine par l’économie de l’expérience. Cette politisation des affects a pour conséquence inévitable la dépolitisation complète du corps social. [p118]

[ * Alexis de Tocqueville (1805-1859), Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de France, célèbre pour ses analyses de la révolution française].
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