Citation de Polijine
Dans la curieuse petite Librairie des femmes qui s'est ouverte rue des Saints-Pères à Paris et qui ne vend que des livres écrits par des femmes, romancières ou essayistes, classiques ou modernes, féministes ou simplement féminines, on ressent en entrant pour la première fois une gêne peut-être, une timidité mais qui se muent très vite en un plaisir bizarre. Depuis l’école, nous n'avons plus jamais été ensemble. Pas de service militaire, peu ou pas de clubs féminins en France, pas de week-ends de chasse ou de dîners d'anciens combattants. L’amitié se case où elle peut dans les interstices de la vie conjugale ou familiale. Elle passe toujours après. Et tout à coup, là, on trouve des femmes qui attendent d'autres femmes, qui sont là pour parler des femmes et vendre des femmes... On respire autrement, c'est une sensation neuve et bonne. L'autre jour un homme, jeune, feuilletait un livre dans cette librairie... il m'a paru délicieusement incongru, un intrus chez nous (mais sympathique), alors que nous sommes si souvent des intruses dans le monde des hommes.
