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Chaque jour compte de Bernard Cazeneuve
Alors que nous survolons le Bocage, j’apprends par une alerte envoyée sur mon téléphone que François Hollande s’adressera aux Français à 20 heures, en ouverture des journaux télévisés. J’imagine l’état de fébrilité dans lequel se trouvent les rédactions des médias, mais aussi les spéculations de tous ceux dont l’aspiration profonde, depuis des mois, se résume à la volonté de voir le président de la République renoncer au renouvellement de son mandat, avec la seule préoccupation de leurs ambitions personnelles. Le 25 novembre dernier, à l’occasion d’un déplacement à l’école de police de Nîmes, François Hollande m’a fait part de sa décision irrévocable de ne pas se représenter. Dans l’échange que nous avons eu ce jour-là, il a notamment évoqué sa préoccupation de voir son action se poursuivre et son refus que la question de sa candidature puisse alimenter des divisions médiocres, qui ruineraient définitivement les chances de la gauche et porteraient atteinte à la fonction présidentielle. Au fond de lui-même, il mesure le désastre induit par le processus de la primaire, dès lors qu’il concerne un parti dont le candidat naturel – et par conséquent légitime – ne peut être que le président sortant. Pour ne pas avoir réussi à arrêter cette machine infernale conçue par l’appareil socialiste, il en tire avec tristesse les conséquences, en se plaçant délibérément en retrait. Rarement, depuis plus de vingt ans que nous nous connaissons, je l’ai senti aussi arc-bouté sur une décision. De ces confidences comme d’autres que nous avons partagées au cours des années passées je n’ai parlé à personne. Et à chacune des questions qui m’ont été adressées, par les journalistes ou par certains amis politiques, j’ai répondu en affirmant ne rien savoir. À aucun moment, cependant, François Hollande ne m’a fait part de son choix de précipiter sa déclaration et j’éprouve donc un sentiment de surprise, moi aussi, en découvrant qu’elle interviendra le soir même. + Lire la suite |